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Dimanche 18 avril 2004 - le Globe, A1, BP

STAINS - boulevard Maxime Gorki, centre Commercial, le Globe, SAINT-DENIS - chemin de Marville, cité Floréal, LA COURNEUVE - avenue Roger Salengro, A1, PARIS 19, 20, 12, 13 - boulevard périphérique : porte du Pré-Saint-Gervais, porte de Bagnolet, porte de Montreuil, porte de Vincennes, porte de Bercy, quai d'Ivry.

Premier passage mardi 23 mars. Trop gris pour faire des images. Bien que. Bien que le panneau J.C. Decaux explosé au carrefour du chemin de Marville et du boulevard Maxime Gorki soit excessivement photogénique.

Il y a ici tout pour plaire, le van incendié devant la cité la Courtille, les deux ou trois étages murés après incendie de la tour d'habitations qui surplombe le centre commercial, la grisaille générale, ambiante, les pavillons bases arrières pour Al Quaïda, et même tout à l'heure sur la route, ce bâtiment très daté années 70 de la subdivision de police urbaine des voies rapides. Il y a aussi sur le boulevard Maxime Gorki, un peu après le centre commercial un panneau glauque qui rappelle qu'une petite fille s'est fait faucher par un chauffard à cet endroit.

Mais le Globe c'est aussi une forme de centralité spontanée. Il y a un centre commercial mais c'est un carrefour. Il y a tout en effet. Cela se suffit. Ce n'est pas Saint-Denis et pas vraiment Stains, on ne comprend pas du tout où on est. Pourtant ce n'est pas du tout caché, on a même un maximum de chances de passer là à un moment ou à un autre. C'est un archétype de la banlieue. Je compare aussi cet endroit avec la discrétion topologique du boulevard Carnot à Saint-Denis.

Autour du boulevard Maxime Gorki, l'agglomération se délite soudain sans que l'on sache comment. Le boulevard se retrouve bordé à sa gauche par le parc de La Courneuve improbable ici. Ensuite la nature gagne le milieu de la route lorsque le boulevard se raccorde à l'autoroute A1 avec à droite le parc interdépartemental des sports de Marville. Avenue de Stalingrad, le face à face de la cité Jardin et de la Mutualité participe aussi du dispositif, cela a donc une certaine étendue, c'est un ensemble cohérent. Ce 23 mars, je note dans mon calepin, "revenir prendre des images quant il fera beau". Quant il fera beau, parce que j'aime bien le coin, je n'ai pas envie d'en donner des images grises.

Aujourd'hui il y a une voiture rouge et une voiture blanche qui tournent sur le parking vide du centre commercial. Ce sont toutes les deux des 205. Au début je me dis qu'il y a un trafic. Il n'y a pas que ces deux voitures, d'autres traversent. Elles passent tous près de moi suspicieuses. Traversent aussi : un groupe de femmes avec fichus, des adolescents en VTT, plusieurs hommes seuls, un individu encapuchonné dans un anorak gris.

L'image de la tour incendiée est vraiment typique des images stigmatisantes que cette banlieue se trimbale ? Je me demande juste ce que ça veut dire que d'habiter ici. Pourtant j'ai grandi dans un endroit similaire. Mais sur le côté, un peu beaucoup protégé des dangers de cet univers accueillant. Finalement je réalise que les voitures qui circulent sur le parking sont des voitures-école improvisées. Je me demande combien coûte la leçon de conduite.