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RENCONTRE DU PAYSAGE EN SEINE-SAINT-DENIS
2005
PRÉSENTATION DU PROJET banlieuedeparis
Je réalise des promenades solitaires basées sur ma curiosité, mon besoin d'explorer la très grande ville où j'habite, mon inquiétude de savoir où nous vivons. Mais ces promenades se fondent aussi sur le plaisir des mille et une petites découvertes que je fais lorsque je marche dans la ville, le plaisir de mes sens et le plaisir que j'éprouve de comprendre progressivement comment tout cela s'agence. Lors de mes promenades, je capture des images électroniques qui forment des séquences. Je les organise sous forme d'index informatiques consultables en ligne. Précisément situées et datées, elles constituent une base de données sur le grand Paris (80 par 80 kilomètres). À partir de ces images et de mes notes manuscrites, j'envoie par courriers électroniques des comptes-rendus hebdomadaires qui jalonnent l'avancement de ce chantier et qui sont eux aussi consultables sur le site Internet :
Mes interventions pendant les Rencontres du Paysage en Seine-Saint-Denis 2005 contribueront à la construction banlieuedeparis. Les thématiques et lieux concernés par chaque rencontre seront des éléments supplémentaires que j'interrogerai avant de partir me promener. En effet, mes promenades ne suivent pas des itinéraires déterminés à priori. Elles n'obéissent pas à une systématique déchiffrable. Je suis mes instincts et mes désirs de découvertes. J'étudie avant le départ les différentes cartes de la ville à la surface desquelles s'inscrivent les souvenirs de mes précédentes promenades. C'est pourquoi je présenterai lors de chaque rencontre de nouvelles promenades ainsi qu'une liste de promenades ou messages déjà réalisées ou envoyés ayant rapport avec les lieux et thématiques concernés.
Mais mon rapport aux lieux n'est jamais tout à fait direct mais plutôt tangentiel, périphérique. Je peux être attiré par un objet ou une forme urbaine, une centralité, une ville linéaire, un rond-point, etc. Mais je me débrouille toujours pour biaiser. Je reste sur les marges qui m'offrent je crois le champs nécessaire.
Concernant les 4000 par exemple, "objet" de ma première contribution à ces Rencontres du Paysage 2005, plusieurs de mes promenades se sont déroulées plus ou moins proches de cet archipel de cités emblématique. Je prends éventuellement les 4000 comme objectif (plutôt qu'objet) mais sans vraiment les visiter, même si je les traverse. Et surtout sans vouloir en faire un portrait mais plutôt en essayant de me situer : comprendre où se trouvent les 4000 dans le grand Paris. Le terme "banlieue" signifie pour beaucoup l'univers du grand-ensemble. Mais peut-on envisager ce que sont les cités sans les replacer dans leur environnement urbain ? Cet environnement n'est pas indifférent. Je fais le pari (Pari-Paris) que la ville est aux frontières dans ses faubourgs et que la ville naît de sa propre périphérie à la marge, d'une spontanéité qui échappe au contrôle. Paris est au-dehors de Paris tout autour. Et peut-être les 4000 sont au-dehors des 4000, tout autour, à La Courneuve, à Saint-Denis, Stains, Dugny, Le Bourget, Aubervilliers et voire même à Paris. C'est depuis leurs périphéries que les 4000 s'affirment comme des territoires. Il me faut donc parcourir cette étendue.
Pour parcourir toute l'étendue de la ville, cette étendue qui fait tenir la ville ensemble, qui fait que nous partageons la ville en commun, il faut traverser les espaces flous des frontières mal définies entre deux quartiers, deux communes, entre les deux côtés d'un autoroute ou d'une voie ferrée. Pour comprendre par exemple où se trouvent les 4000 nord, Barbusse ou Verlaine, il faut marcher jusque là depuis le Globe à Stains, pour comprendre où se trouve la D30 il faut aller jusqu'au Bourget au-delà des bretelles de l'autoroute et pour comprendre le carrefour des six routes il faut se promener un peu tout autour. Mais premièrement, avant tout cela, il faut peut-être commencer par se perdre, accepter le non-sens de l'ensemble, lâcher prise, être disponible à la surprise d'une rencontre.