200930 La vraie fausse histoire du Smgp

181209
i181209a cdr Smgp prepa Crv16

Mercredi 30 septembre 2020

Cartes IGN n°2314 OT, 2214 ET, 2313 OT, 2413 OT, 2414 ET, 2415 OT, 2315, OT.

Hier soir, j’ai eu du mal à retrouver cette capture d’écran au fond de mon disque dur. C’est l’instantané de nos hypothèses de tracé enregistré le 9 décembre 2018. Parce que « Le Sentier du Grand Paris, un guide de randonnée à travers la plus grande métropole d’europe » est lancé officiellement demain soir en grande pompe au Pavillon de l’Arsenal. En fait ça fait presque deux ans que je voulais écrire un billet à partir de cette image. Il doit y avoir une logique là dedans. Les choses mettent du temps à se faire et je n’ai pas attendu Damasio pour devenir furtif, ou bien l’élaboration du sentier m’a privé du temps d’écrire ? En tout cas j’ai multiplié les kilomètres parcourus à pieds au point d’arriver avec mes collègues à une certaine expérience et perception du grand machin, de ce léviathan représenté ci-dessus, cette sorte de très grande ville que la plus part refusent toujours de regarder. Et c’est peut-être ce refus qui est à l’origine à la fois de « banlieuedeparis » et du projet des Sentiers Metropolitains. Regarder ces grands phénomènes monstrueux droit dans les yeux au risque de rester pétrifié face à la Gorgone ?

Cela commence donc fin 2016, dans un bistrot du quartier des Halles, hyper-centre du grand machin. Probablement parce que à ce moment là, Baptiste, Paul Hervé et Alexandre, se rendent compte qu’ils ne pourront pas mettre en œuvre une telle histoire tous seuls, surtout qu’ils ne sont pas parisiens, ils ont appelés Jens et son association à la rescousse, et Jens qui avait déjà l’idée de créé un sentier à Paris m’a appelé ou plutôt je l’ai appelé exactement au moment où ils étaient dans le bistrot. Allé savoir.. Cela reste très mystérieux. Mais tout de même, je devais leur foutre un max la pétoche aux garçons du sud, parce que ça faisait trois ans qu’ils me snobaient, j’avais tenté de les rejoindre en vains pendant la Révolution de Paris, en 2014, mais non, ils faisaient ça en duo, juste dans la foulé du GR2013. Ils devaient avoir de bonnes raisons de me tenir à distance les loustics. Faut dire que leur petit tour en première couronne, était carrément pas à l’échelle mais bon, c’est une bonne première découverte et puis beaucoup trop d’églises et de centralités pour moi dans ce voyage. Et moi pendant se temps là, un peu comme Jens, je fomentais l’idée de créer un Sentier Metropolitain qui suivrait le chantier du Grand Paris Express, et oui pour de vrais, en commençant par la ligne 15 sud évidemment. J’ai même organisé quelques repérages publics avant de stupidement expliquer ce projet à un certain Patrick.

Juste après la réunion des Halles, Paul-Hervé nous présente son principe du Trilobe mais qui n’est pas encore dessiné, c’est l’objet d’une autre réunion, sur table à Ivry. C’est l’occasion pour moi de me lancer dans un petit exercice simple qui consiste à comparer la Michelin n°101 et n°106 (ce sera j’espère l’objet d’un autre livre à paraître chez Wildproject). Je convaincs assez vite notre petit groupe qu’on ne peut pas éviter d’englober au moins les villes nouvelles et finalement on se lance collectivement avec un gros marqueur vert sur la Michelin n°106, ça donne à peu prêt la tête d’un Mickey Mouse qui aurait reçu un coup de matraque pendant une manif de gilets jaunes sur les champs élysées. Mais ce n’est que la première ébauche du tracé.

Début 2017, il y a le lancement mémorable aux grands Voisins, dans la salle de la blanchisserie archi comble. Puis les premières Caravanes qui sont au début conçues par Alexandre comme un projet culturel. Des artistes invités qui ne connaissent pas forcément la très grande ville dans son ensemble, ont pour mission de nous restituer leur propre mise en récits des territoires traversés (pluralités des récits etc.) lors des doubles journées de marche organisées plus ou moins toutes les 6 semaines. Évidemment, ça ne marche pas du tout comme prévu. Les photographes sont à la traine derrière nous et n’ont rien à faire de notre histoire à nous !? Et je ne me sens pas l’âme d’un tour opérateur pour photographes nantis. Oups.. Nan je devrais par dire ça. En tout cas leurs images sont tellement belles que je n’arrive plus à sortir mon appareil photo, c’est malin..

Progressivement les caravanes se transforment en véritables ateliers de repérages, elles s’espacent mais font l’objet d’une préparation de plus en plus précise et méthodique, avec des intervenants, un chronométrage. Ce vaste processus de repérage, va donner lieu à des pré-repérages, des pré-pré-repérages voir des post-repérages, là je parle pour moi, et de ma façon de tricoter une sorte de maillage à grande échelle d’exploration du système urbain, mais pas que pour moi. En tout cas, courant 2017, je vais passé de 30 kilomètres de marche par semaine à 60 kilomètres. Dans mon cas, la marche et le kml, le tracé sur GoogleEarth, le report sur les Ign au crayon, au stylo bille ou au marqueur cela va manger toute autre velléité de productivité mais probablement me sauver la vie ! Parcourir mes souvenirs, desceller les zones inconnues, repérer les lignes de désirs pour les futurs explorations. La pratique du marqueur sur carte Ign devient également une méthode de relaxation. Notamment, Je stabilote les limites communales en rouge gras, avec toujours cette phrase en tête « la ville nait de ses Marges », les frontières communales révèlent les véritables origines de la ville.

Ce doit être avec la peur du Leviathan, une autre raison de ne pas vouloir considérer le Très Grand Paris. La très grande ville contemporaine est un amalgame bien organisé, bien quadrillé, mais construit avec de la boue, des nomades et des pauvres, des exclus, des classes dangereuses, des trafiquants en tout genre, qu’il faut tenir loin du droit de cité, loin de la représentation, rendre invisible, effacer. La métropole peut-elle se représenter elle même alors, autrement que comme l’énorme cancer qu’elle est effectivement. L’image ci-dessous le démontre comme le film de Boris sur Varsovie, notre pratique de la cartographie et de l’image aérienne qui accompagne nos pas est dans un parfait parallélisme avec la lecture des imageries médicales qui accompagne les chirurgiens dans leurs gestes. Il faut apprendre à zoomer et de-zoomer sans cesse pour analyser les moindres interstices urbains proliférants au sein de ce système organique du très grand Paris, là où la suburbia n’a pas encore vraiment triomphé. L’exercice peut-il être complètement salvateur ?

Lors de la caravane 17, c’est le clash avec Paul-Hervé quant il veut tourner à droite et moi à gauche. J’ai préparé une Caravane, lui un rendez vous de l’École de la Marche avec nos collègues européens qui ne comprendront surement rien à notre projet de Sentier du Grand Paris, tant pis. Pourtant rue de Liège il y avait Dionysos qui nous attendait, la porte grande ouverte, peu importe. C’est le retour du projet culturel ? Mais l’important n’est pas là, l’important est d’établir cette nouvelle circulation, qui porte en elle ces trois années de marches, qui articule quelque chose, un peu comme une grande phrase de Proust. Il faut prendre sa respiration de temps en temps, c’est un peu sportif, mais pas forcément trop. Le clash passé, Paul-Hervé se met à écrire, tout seul pendant l’hiver dans son coin, pendant que moi je passe sur le billard, Baptiste me tiens pour mort. Au Plessis-Robinson, juste en-dessous de la grande terrasse du CEA de Fontenay qui offre une vue formidable sur la ville quantique, les chirurgiens me découpent en deux puis me recollent à la glue, et ça à l’air de marcher impeccable leur truc, au printemps le covid se pointe. Voilà enfin une bonne nouvelle, un événement capable d’arrêter le trafic aérien (bravo !), remettre en cause notre petit train train absurde et polluant, s’attaquer en priorité aux sur-actifs (ceux qui polluent le plus en produisant trop), je complète la trame, je reprends la circulation en écrivant comme si j’avais déjà fait plusieurs fois le tours du trilobe, et Paul-Hervé reprends à son tour la circulation (il travail énormément), Baptiste remouline tout ça (il travail trop, c’est sûre et certain), Jens finis par participer de façon constructive (il est comme moi très fort pour les zigzag, les chaussettes, la dérive en Rer loin du but, mais ne l’assume pas encore), et Noémie arrive à nous tempérer un peu pour qu’on évite de s’écharper. Il en ressort finalement une bonne musique. Et on essaie de se souvenir de toute les histoires que nous nous sommes racontés. J’ai jamais été fait pour la synthèse, mais grâce au collectif, et bien je m’en approche !?

Bon, mais en fait ce n’est que le début, maintenant, faut emmener du monde marcher, enfin se mettre à produire un petit peu, baliser l’itinéraire, imprimer des posters, et vendre des tote bags, oui pourquoi pas, encore un tour de trilobe, j’ai envie d’encore plus marcher, d’encore plus écrire, d’encore plus parler, ouille ouille ouille !!

180215 Un an après !

P1230615
i180117a SMGP rep Crv10 Livry-Gargan

Samedi 13 janvier 2018 – Sceaux, Le Plessis-Robinson, Fontenay-aux Roses, Clamart, Vélizy-Villacoublay, Chaville, Viroflay

Cartes IGN n°2314 OT.

Le « Stardust » c’est un café tabac à gauche du Monoprix juste au dessus de la gare de Robinson, c’est donc situé à l’extrémité nord-ouest de Sceaux, et plutôt que café tabac, sur le store bleu marine du bistrot, il est écrit « Restaurant Franco/ Américain ». Il est 11H30 et j’ai seulement quinze minutes pour écrire comment je suis arrivé là avant que Jens n’arrive à son tour pour notre premier repérage « Smgp » de l’année,… C’est aussi ma première promenade 2018 après une longue coupure « famille » avec mon père de plus en plus malade depuis mi décembre. Et ma difficulté à me réveiller ce matin, fatigue accumulée, fatigue psychologique, manque de sommeil, etc. Bus 172 jusqu’à Bourg-la-Reine puis ce bon vieux Rer B.

Il fait gris comme un 13 janvier, la banlieue est moche, les gens aussi aujourd’hui et notamment ceux que je croise en gare de Bourg-la-Reine à part un randonneur que je photographie de dos, en face d’un grand poster décoloré du C.A.U.E. retraçant l’histoire du lotissement des castors de la Bièvres. Qu’est-ce qu’on fout à trainer dans un monde aussi invivable ? Tout ça me semble totalement vide de sens !

Mais en arrivant ici, la bâtisse du Monoprix ou bien tout à l’heure les balcons en arrières des immeubles qui bordent la gare de Bourg-la-Reine, le paysage sur Les Blagis depuis la fenêtre du train, puis tout près d’ici, les arbres sur le talus de la voie ferrée, comme déjà une promesse de forêt, puis surtout ce bistrot tout gris de l’extérieur, mais avec à l’intérieur, une déco vintage rock’roll et une patronne d’époque qui rivalise avec la sculpture grandeur nature d’une serveuse US toute blonde, grande et pulpeuse en mini jupe, les fauteuils gris et rouge, les tables en formica, les canapés verts. Est-ce que cela a à voir avec de la résilience ? Est-ce que le « Smgp » ou banlieuedeparis parlent de ça, c’est à dire comment on ressent les lieux que nous traversons, ou bien est-ce que je dois vraiment me mettre à écrire plus régulièrement pour sauver le « Smgp » du marasme culturel ! Le « Smgp » (Sentier Métropolitain du Grand Paris) va t-il sombrer dans la vanité et la totale vacuité d’un énième projet culturel ? Va-t-il reconduire les discours stéréotypés sur la banlieue ? Il faudrait plutôt faire le récit de ces moments évanescents où tout semble perdu, insupportablement plombé, et ou un visage, un paysage, un immeuble, une herbe, une trace sur le sol, transfigure soudain la banlieue, la rend habitable, en assure l’aménagement véritable de cet espace invivable. Cela procède alors plus de l’agriculture urbaine que de cette arnaque culturelle d’un monde fermé sur lui même, fonctionnant en vase clos, et qui n’a rien à dire sur le réel.

Surtout il faut faire exister les lieux encore et encore, en les nommant, en les décrivant, en les connectant entre-eux, et pas seulement quelques lieux emblématiques pour France Culture. C’est ça que personne ne veux faire, comme si personne ne vivait dans cette ville, comme si personne ne se la coltinait au quotidien. Car c’est surtout des Parisiens qui écrivent sur la banlieue, le problème viens peut-être en parti de là ? Et puis, on se penche sur la banlieue, cela ne peut donc pas être du vécu, c’est du pathos chrétien, avec toujours les même poncifs sur les pauvres des quartiers. Violence ordinaire du bon Abbé Pierre.

Depuis notre table de café, je montre à Jens, au loin, la terrasse de Fontenay et les bâtiments de la sureté nucléaire. On va mettre le cap dessus, allé découvrir la haut, ce paysage anomique, ce bruit blanc du grand sud Parisien. Un point de vue très remarquable que nos amis de l’IAU considéreront peut-être un jour à sa juste valeur. Il faut qu’ils se mettent à la physique quantique les garçons. Car cela nous en apprend bien plus sur la ville contemporaine que la terrasse de Saint-Germain ou l’escalier de la Pompe de Marly. Il en va a peu près comme du récit des rêves aborigènes confrontés à la rhétorique des films hollywoodiens, ce ne sont pas les même structures narratives. Il y a donc un bel enjeux à faire passer le chemin ici sur cette terrasse d’où l’on à un panorama parfait sur le profil de la butte chaumont de Champlan plein sud. Mais là encore il faut savoir se fabriquer une paire de lunettes adaptées.

À Jules Lenormand, tout en haut sur le montant d’une étagère, mon père avait décrit au crayon de papier, une façon d’aligner la grille de la fenêtre avec un repère de la cours de l’école pour déterminer la position d’un château d’eau qui allait être caché par une nouvelle construction. Il avait réalisé cette petite installation artistique inédite juste avant que des nouvelles toitures ne cachent ce paysage et ce point de repère essentiel. Paysage de paysan n’en déplaise à Monsieur de Montaigne, … un siècle après l’an mille, les conjurés après avoir bien arpenté les terres qu’il travaillaient, les avaient récupérées pour parties en mettant un couteau sous la gorge des aristos, et peut-être s’amusaient-ils déjà de la sorte, bien avant mon papa avec des points de repères !? Enfin de là à considérer mon père comme un conjuré, j’exagère un peu car il se prétend non violent, pas moi, mais il n’y a qu’un pas et sans doute un héritage, la revendication d’un paysage et d’une géographie. J’ai donc commencé à repasser toutes les limites communales au feutre rouge sur mes cartes Ign. C’est un travaille, mais cela rend visible une vraie structure du territoire, et puis ces frontières administratives que la metropolisation voudrait effacer pour installer sa petite dictature, coïncident aussi souvent avec de vraies périphéries, des endroits où il faut aller marcher.

On longe par le dessus les voies ferrées, avenue du Plessis, on laisse à droite le charmant bar restaurant « au métro », comme si l’ancienne ligne de Sceaux était un métro, c’est déjà tout un poème, ou bien l’amorce pour un polar de banlieue de Philippe Hauret ? Au carrefour avec la D75, 86 ngf, on monte tout droit l’avenue Raymond Croland, puis on rentre dans une petite cité rue Alexandre Fleming. Curieusement Jens, n’avait pas détecté le petit sentier des Renards, indiqué sur l’Ign, et qui permet de déboucher directement sur la rue Boris Vildé. Deux cents mètres plus à l’Est, le sentier des Richardes rejoint la route du Panorama à la côte 155.

P1230441
i180113a SMGP rep Crv11 DM JD Robinson Fontenay Clamart

P1230463
i180113a SMGP rep Crv11 DM JD Robinson Fontenay Clamart

Sur le banc public devant les gros hangars en béton du centre de recherche du Commissariat à l’Énergie Atomique, quelqu’un à écrit le mot « Vise » avec de la peinture sur le dossier d’un jolie banc en béton lavé. Est-ce que finalement je laisse les images raconter le repérage d’elles mêmes tels des rebus. C’est bien ce que je fais d’habitude !? Et que vise notre projet de Sentier Métropolitain du Grand Paris ? Sinon peut-être de continuer l’œuvre des conjurés, et inventer une autre géographie, une autre distribution, aménager une autre étendue !? Ça fait peut-être un peu trop pour réussir à écrire un premier bouquin. Ça c’est chiant !

On devine dans le brouillard, la butte de Champlan (120 ngf). Jens me soutient mordicus, qu’elle est artificielle, je veux bien admettre qu’elle ait servie de décharge mais j’ai du mal à croire qu’elle le soit complètement,… Elle marque l’extrémité Sud-Ouest du plateau d’Orly-Longboyau (85/ 95 ngf) et encadrent avec le plateau de Saclay (150/ 160 ngf) une sorte de col par ou se faufile l’Autoroute A10 qui bifurque vers l’est après la butte pour rejoindre l’A6. Parce que l’A10 devait continuer plein nord pour longer les voies du Tgv ouest et rejoindre par ce passage les grands boulevards transformés en périphérique intérieur au niveau de la tour Montparnasse. On en aurait finis ainsi avec le petit Paris dont n’arrivent toujours pas à sortir les petits Parisiens apeurés et parmis lesquels certains se penchent parfois sur le grand Paris avec ignorance crasse et condescendance catho !

La réapparition dans mon imagination du village rue de Champlan, en coteau sud du plateau de Longboyau, me donne envie d’écrire un autre billet, cette fois sur le site internet de la grande Caravane, que nous délaissons, pour raconter cet écheveau de routes et d’autoroutes entre Champlan et Chilly Mazarin. D’autant que depuis décembre je passe là au moins une fois par semaine en voiture. L’hôtel Parthénon au milieu, avec sa façade de temple grec en carton patte face aux champs de betteraves survolés par les avions. Les iles de bétons chères à J.G. Ballard, mais dans leurs version Gonzo, recouvertes de sable fin, et que nous arpentions avec les Dianes chasseresses – pétroleuses de Picture Tank, lors de la quatrième caravane.

Bref, cette butte, artificielle ou pas, est un relief fondamental de l’Idf ! La silhouette couchée de la butte chaumont de Champlan depuis la terrasse de Fontenay est digne de la collection numériques de tétons d’architecture qui est le vraie ressort de certains de nos édiles. Elle délimite les vallées de la Bièvres qui tourne là à 90 degrés et celle de l’Yvette qui rejoins l’Orge pas très loin, il faudrait hissez là un gros ballon captif qui signale notre sentier, au moyens des quatres lettres fluorescentes de son acronyme « S.M.G.P. » écrites en énorme dessus, cela plairait à Paul, et égayerait peut-être un peu les environs glauques de la banlieue à la façon des visuels d’Archigram pour l’instant City.

Un peu plus loin on découvre dans une petite cité en coteau plein sud, un joli petit immeuble façon Jean Bossu avec une belle coursive au premier desservant des logements en duplex traversant par dessus un rez-de-chaussée de commerces. On discute avec un jeune papa en train de faire manger sa fille, sortis par curiosité sur son pas de porte. Ce tout nouveau propriétaire est ingénieur chez Laffarge, alors on parle donc du G.P.E. (Grand Paris Express), des millions de tonnes de terre qu’il va bien falloir mettre quelque part et de notre petit projet de Sentier Métropolitain, qui aurait bien besoin de quelques buttes artificielles supplémentaires pour observer tout ça. On échange les courriels pour qu’il nous envoie des information sur l’histoire de son bâtiment.

Après on file sur la cité jardin, via le parc Henri Sellier après avoir retraversé la D75, le petit quartier en coteau plein sud, sous la petite cité est vraiment très chouette, petits escaliers, petites maisons qui se tortilles pour suivre les courbes de niveau. Le Papa de tout à l’heure à bien choisi son coin. On pique-nique au milieu du théâtre de verdure du parc Henri Sellier puis en sortant du parc, on se retrouve tout au fond de la cité jardin, rue du capitaine Chalvidan, c’est complètement bobo, les enfants jouent au milieu de la raquette de retournement de cette rue en impasse, bordée de grandes maisons ateliers d’artistes que surplombent les énormes chênes du parc, on tombe sous le charme. C’est peut-être là qu’a grandi S. mon collègue d’école à l’Up6, à qui je dois peut-être ma réconciliation avec la banlieue ? Ce qu’il me disait de la cité jardin, m’a toujours fais réfléchir sur le sentiment de rejet de la banlieue que j’avais alors, au tout début des années 90.

On retraverse la D75. En face, ce qui sur ma carte Ign était un vaste espace blanc, ou plutôt un grand prés, un terrain de sport au cœur du dispositif de Henri Sellier, est aujourd’hui complètement rempli par une architecture façon playmobil que Jens appelle la « petite Venise » parce que le complexe est parcouru par une petite rivière artificielle. Un front bâti composite mais compacte, qui essaie de « faire ville », homogène dans sa pseudo diversité, borde tout le long la départementale. Mais ce n’est pas franchement accueillant, malgré les commerces qui sont tout juste des services dans la trajectoire résidentielle de petits bourgeois éphémères qui habitent comme des fantômes cette nouvelle cité dortoir. Des banques, des assurances, des boutiques de produits de beauté, des boutiques de chocolats, des bistrots à vin qui sente l’arnaque, des fleuristes, des caves à vins, un Carrefour City, un club de fitness, une cordonnerie à la façade quasi aveugle, un coiffeur, un pressing. On se faufile derrière ce décor par un petit passage se voulant urbain. Le quartier digne d’une attraction Disney est donc parcouru de petits passages, de petit ponts et par une petite rivière en circuit fermé alimentée par les eaux pluviales, un panneau nous informe sur le tarif des cartes de pêche. Avant de visiter l’imposant théâtre – complexe culturel municipal qui ressemble au temple principale d’une église de scientologie dans un pays fasciste d’un futur proche, ou bien à un fragment d’un centre commercial géant d’une planète artificielle, on croise deux types pas frais visiblement bien avinés, qui pêchent nous disent-ils de vrais poissons dans la pseudo rivière.

Ensuite, avenue de la Libération, extrémité de la grande barre spaghetti de plus de 200 mètres de la rue Auguste Rodin, de l’autre coté de la D2, avenue Paul Langevin, on traverse de part en part le complexe sportif du Plessis-Robinson, puis on rejoins la 906 par la rue de Versailles, qui n’a rien d’une voie royale. Pizza Mezza Luna, salle en location, parking et brasserie PMU avec, devant, attroupement du petit peuple grand Parisien, pavillons disparates, parfois une publicité 3*4 en guise de clôture, épannelage façon Mossoul, terrains vacants, stockage de matériel de voiries, bicoques façon Robert Doisneau, petit immeubles de bureau tout neuf et bien mis, au fond du paysage émerge coté droit de la rue l’ogive salvatrice en pierres de taille de l’église de la cité de la Plaine, coté gauche de la rue, je désigne à Jens, dans un fond de cours au dessus d’un bel ensemble de garage ripoux, les silhouettes écrasantes de deux énormes réservoirs en béton.

A l’entrée de la cité de la Plaine un panneau que je ne prends pas le temps de lire, explique l’histoire de la cité de 2000 logements et le parcours de Robert Auzelle. Ça c’est du lourd ! En effet les petits individuels groupés autour d’un petit près sont très bien dessinés, c’est déjà presque de l’architecture principe dans le coté catho-autoritaire, si bien que les poubelles de tri sélectifs qui n’ont pas été prévu par l’architecte installent une ambiance de tiers monde dans le paysage. Mais c’est beau ! On file voire la petite bibliothèque de Gérard Thurnauer, elle est complètement entourée d’une haute palissade de chantier blanche en tôle laquée, mais fonctionne, c’est comme si les usagers et les bibliothécaires avaient été emmurées vivants par la palissade, on se faufile encore une fois entre deux plaques de tôles éventrées, c’est l’accès de service à l’arrière, on visite, il y a un groupe d’enfant en train de préparer quelque chose. L’architecture est cryptique, alors normale ça pu les remontées d’égout. Mais c’est magnifique, la rénovation ne sera pas du luxe. Plus loin l’alignement des barres Hlm qui bordent le cimetières de Clamart, installent une ambiance légèrement moins sympathique. Mais sans doute, il ne peut pas y avoir de rédemption sans une bonne dose de souffrance. On file sur le grand ensemble de Pouillon, qui est comme une énorme claque. Une énorme leçon d’architecture, comparable aux abbayes Cisterciennes, à du Ledoux, ou à la vibration Corbuséenne, … Sans commentaires, ça ne peut pas être raconté, c’est épidermique, chorégraphique.

Passerelle sur la 118, et traversée au crépuscule de cette extrémité sud de la forêt de Meudon, pour rejoindre l’Ursine. Devant la gare de Chaville Vélizy, à La Rotonde, Jens avec son visage d’ange, fais copain copain avec la patronne. Après que celle-ci lui ait raconté en allemand sa vie au Brésil, il arrive quasiment à obtenir d’elle un rendez vous avec le grand Snark. Et le patron, pas trop rassuré, laisse faire. Il nous laisse même repartir presque sans histoire. Je suis médusé !

Mercredi 17 janvier 2018 – Montfermeil, Clichy-sous-Bois, Livry-gargan, Sevran

Cartes IGN n°2414 ET, 2413 OT.

Ce mercredi 17 janvier, je mets le cap sur un souvenir et quelques images enregistrées il y a pas mal d’années. Cela a d’ailleurs peut-être fait l’objet d’un billet ici dans dans l’ancienne version de banlieuedeparis, je ne sais plus, il faudrait que je regarde. Souvenir de l’aqueduc de la Dhuys enherbé entre la cité Romain Rolland coté Clichy et la cité des Bosquets coté Montfermeil, en lieu et place de la frontière administrative entre ces deux villes. Mais j’ai mauvaise mémoire, je ne me souviens pas non plus de quant ça pouvait-être, mais c’était avant 2005 en tous cas, peut-être en 2003 ou 2004. Je me souviens que j’avais marché jusque dans la forêt toute proche, en suivant l’itinéraire de l’aqueduc, j’avais écris là dessus. Aujourd’hui, il s’agit de vérifier l’hypothèse de tracé de Paul pour la Caravane n°10 du « SMGP » qui doit passer par ici samedi 27 janvier.

Mais, je n’écrirai probablement pas sur ce « pré-repérage », tout du moins pas ici dans ce blog, si je n’avais pas à un moment donné, commencé à enregistrer une image, puis une autre, etc. Elles sont comme des témoignages indispensables des lieux traversés. L’enregistrement visuel a cette capacité à rendre présent à nouveau les lieux, à en restituer l’existence singulière. Du coup, ces images sont des aides mémoires efficaces. Mais contrairement a ma promenade du 13 janvier ou j’en ai finalement enregistré 196 tout au long du trajet, je n’en ai enregistré ce mercredi que 18. La première, comme un prétexte, advient grâce à la petite trouvaille d’un panneau indiquant « Le grand Sentier ». Comme si d’autres avaient anticipé notre projet d’un « Sentier métropolitain du Grand Paris ». Ce panneau est planté tout en haut d’un petit escalier en béton, au bout de l’allée du Belvédère situé sur la commune de Livry-Gargan. Une mini butte panorama un peu ridicule à été aménagée sur un rond-point pour qu’on profite mieux de la vue réellement époustouflante à 180 degrés. Curieusement un autocollant blanc, proprement disposé semble recouvrir le nom de la commune que l’on retrouve sur les autres panneaux de la ville. Seul le blason de Livry-Gargan reste visible en haut à droite du panneau.

Je m’assoie dans l’escalier du Grand sentier pour casser la croute un peu à l’abri du vent froid. Mon déjeuner est sonorisé par des pétarades incessantes qui viennent du contre bas. Je vérifierai ensuite l’existence d’un stand de tir dans le grand complexe sportif de Livry-Gargan. En bas des escaliers je suis le tracé de Jens, rue du Docteur Herpin, puis rue de Vaujours, cette vieille route pas très large et sans trottoir qui longe le pied de la butte boisée de Vaujours semble receler plusieurs entrées de carrières. Juste après l’entreprise Savac, carrière de Gypse en activité, je continue le long du mur en meulière du cimetière communal surplombé d’un fier coq gaulois et à gauche en dehors du cadrage de l’image, d’une étonnante antenne radar en forme de colonne Brancusi. Je rejoins à cet endroit le PR n°15 du Comité Départemental de Randonnée Pédestre de la Seine Saint-Denis, puis pour satisfaire la demande express de Paul, pour que je vérifie l’hypothèse de Jens (sic), je traverse le parking du Cora, à la recherche du meilleur point de vue sur Sevran, et je suis finalement obligé de remonter sur le terre plein du parking suivant devant le Leroy Merlin pour trouver un vrai panorama malgré les arbres (qu’il faudrait d’ailleurs couper), mais c’est seulement samedi 27 que je connaitrais le nom des deux grands ensembles qui émergent du paysage comme des points de repères à cet endroit, la cité Isabelle qu’on découvre au dessus du panneau indicateur dans l’image 0632 et qui fait penser aux constructions du front de Seine de Beaugrenelle ou plutôt aux bâtiments qui bordent la rue de Flandres dans le 19ème arrondissement et au fond, autour de grosses cheminées de chauffage urbain, les tours également méga-structurelles du Pont Blanc à Sevran.

P1230623
i180117a SMGP rep Crv10 Livry-Gargan

P1230632
i180117a SMGP rep Crv10 Livry-Gargan

Je suis venu jusqu’ici, en prenant le RER E jusqu’à Chelles, puis le bus 613, jusqu’à Montfermeil, là j’ai parcouru pour la première fois je crois, la grande rue de Montfermeil, la rue Henri Barbusse. J’ai découverts le lien entre ce vieux village des Thénardiers de Victor Hugo et la cité des Bosquets, réécrivant en marchant l’hypothèse de tracé pour la caravane conçue par Paul ou imaginée par Jens. Il faudrait bien après être monté à la Corniche de Gagny le vendredi, traverser cette « Grand Rue » pour essayer un peu de comprendre Montfermeil et les Bosquets, pour ne pas dire essayer de comprendre le 9-3 à travers ce petit fragment singulier. Ce rapport entre le vieux Montfermeil et la cité des Bosquets, ça ressemble beaucoup à la triangulation entre les noyaux villageois de Saint André, Saint Henri et Saint Antoine et des cités comme La Castellane, La Bricarde et Plan d’Aou dans les quartiers Nord de Marseille.

Au bout de cette rue Henri Barbusse, à la riche morphologie, déglinguée mais vivante, j’ai trouvé, au fond d’une grande cour, un grand restaurant portugais « La Grange », éventuel point de chute pour le debriefing-diner de vendredi soir. Puis j’ai pris la rue Victor Hugo pour déboucher sur l’arrière des Bosquets, parkings défoncés en rez de barre le long de la rue Picasso, puis zig-zag dans une partie reconstruite du quartier à l’architecture néo-corbu assez bien dessinée, mais aux enduits blancs déjà dégradés, comme si dans l’urgence d’une reconstruction, on avait oublié une couche de peinture, ou comme ci l’architecte n’avait pas pu prendre le temps de quitter son bureau parisien pour venir vérifier la bonne réalisation des enduits. Avenue Paul Cézanne, rue Degas, rue Modigliani, après l’école Jean-Baptiste Clément, l’espace de la Dhuys est a peu près intact, tel que dans mon souvenir, avec notamment ses palissades en ciment préfa, qui me sont tellement proustienne, mais l’étendue est beaucoup plus propre et nettoyé.

En face, coté Clichy, subsiste un tout petit terrain vague avec papiers gras, de forme triangulaire qui est visiblement un passage très utilisé, je viens d’y voir passer un homme sûre de lui avec des sacs. Après ce court chemin sinueux d’une trentaine de mètres qui me re-projette dans mon souvenir, je débouche directement sur le café « La Perle ». De toute évidence, il s’agit du véritable QG de l’endroit, au pied d’un immeuble « Nexity – Grand Paris » flambant neuf et impeccable, encore en chantier sur Google Earth. Ce gros immeuble solide recouvert de carrelage, fait l’angle entre l’allée Anatole France et la Dhuys, il me rappel les bâtiments d’habitation qui bordent l’esplanade du Général De Gaulle à Nanterre. D’ailleurs, la suite du quartier jusqu’au collège Romain Rolland, comme le quartier du Parc à Nanterre, est totalement clusterisé, compartimenté, découpé, grillagé, mais cela permet certainement au quartier de « fonctionner » un peu. Cela me rappel le projet de fin d’études de mes collègues, « les cristaux liquides associés » comme on les appelait, pour Saint-Ouen l’Aumône et la cité des Brouillards, « Des Murs et des ponts », évidemment, là c’est plus le résultat d’une politique de l’ANRU, après démolition de la cité de La Forestière.

Ensuite, ayant cherché une façon de traverser l’énorme carrefour routier en travaux qui se trouve devant l’imposant Collège Romain Rolland, accueillant comme une forteresse, je traverse les toutes nouvelles voies du tramway, puis je descends par un petit chemin boisé vers l’église Notre-Dame des Anges, signalée par Paul. Un bouquet de fleurs en plastique est scotché au gaffeur autour d’une grande croix de bois au centre d’un imposant calvaire qui jouxte les bâtiments très anciens de l’église. Paul m’a expliqué au téléphone que celle-ci servait de refuge aux voyageurs à l’époque où la forêt de Bondy était infestée de bandits de grands chemins. À cet endroit on est déjà dans le quartier du chêne Pointu, je rejoins très vite la petite galerie marchande de la ce très beau grand ensemble assez dégradé, mais encore dans son jus. J’en ressors par un grand escalier sur l’allée Maurice Naudin, face à la bibliothèque municipale Cyrano de Bergerac, probablement installée dans un ancien bureau de poste, je longe ce bâtiment sur la gauche par l’allée du 19 mars 1962. Il y a ensuite sur la droite en effet un bâtiment de la Poste, en préfabriqué lourd façon années 70. Il fait face au Parc de la Mairie. Après le virage, un escalier se voulant un peu monumental, avec des dalles en béton lavé et de grosses jardinières préfabriquées en béton qui délimitent une rampe handicapés, descend vers un petit accès secondaire du parc. Mais cette petite porte sud est fermée malgré la balise d’un chemin « PR » apposée au montant de grille cadie verte. Tout en admirant ce magnifique parc de ma Mairie derrière les grilles auxquelles je m’agrippe, je me hisse en haut du talus. Finalement après avoir jeter un coup d’œil rapide au bâtiment remarquable de l’hôtel de ville, je continue mon ascension par la traversée de l’esplanade des Arts, comme un avion qui décolle. Il y a nécessité de s’extraire de là, de ne pas continuer à descendre. C’est comme ça que je retrouve finalement le tracé imaginé par Jens, allée du Belvédère.

170124 L’anti-chemin ?

P1190211
i170124a SMGP rep DM Conflans Neuville Maurecourt Andrésy

P1190247
i170124a SMGP rep DM Conflans Neuville Maurecourt Andrésy

Conflans Neuville Maurecourt Andrésy

Cartes IGN n°2214 ET et 2313 OT.

En septembre dernier, je ne me souviens plus de la date, mais c’était un soir. Je me disait depuis plusieurs jours qu’il fallait que je sorte de ma torpeur dans laquel j’avais été plongé tout l’été. Je n’avais même plus le désir de partir quelque part. En plus des quantités impressionnantes de canettes de 8,6 je sifflais quantité de films en streaming et quelques polars, j’avais en fait épuisé mon stock de livre attirant, terminé la lecture des « Portes de la perception » de Huxley, et il n’y avais plus aucun streaming juste regardable de dispo. Je venais de dire à Sigrid au téléphone que je devrais appelé Jens, ce que j’ai fais, et je me suis retrouvé embarqué dans une sale histoire !?

Rdv « Au Père tranquille » 30 minutes après aux Halles avec une douzaine de personnes. Moi aux Halles, et en « société », pfff… même si c’est le centre de la banlieue, j’avais vu personne de l’été ! Et puis assez vite l’idée de contribuer à ce projet de chemin du très grand Paris, façon GR2013, m’a fait redémarrer les machines… Le projet venait des bonnes personnes, justement pas des parisiens, ni des grands parisiens, c’est bien. En fait c’est ce que j’attendais depuis plusieurs années, je me suis plongé là dedans, et voilà que ça prend tournure, les repérages s’enchaînent à une cadence soutenue, le calendrier se définit comme une course folle, et je suis sur le bord de ce machin, ce qui me va parfaitement bien !

Aujourd’hui, je pars seul, plus ou moins pour préparer les deux premiers jours de marche officiels du 24 et 25 février, la « Caravane 01″, après les 2 journées préliminaires mémorables des 12 et 13 novembre, mon Clamart – Nanterre, et le Ris – Evry de Jens. Là, Il s’agit d’éprouver voir affiner les hypothèses de Paul et Jens entre Poissy et Conflans pour samedi 25 février. Mais tout de même, je suis pas inspecteur de pipeline, il faut que le désir d’aller voir quelque part, se présente… Du coup, je me questionne sur l’ensemble du tracé hypothétique entre Poissy et Cergy, sur le fameux trilobe de Paul. Passer par Chanteloup parait une évidence pour qui connait un peu le très grand Paris et il n’y a que trois ponts sur l’Oise, c’est la première contrainte. C’est pour cela que je mets le cap sur Neuville-sur-Oise, où j’ai des souvenirs vieux de quelques années déjà, pas d’images et pas de kml, mais je me remémore le coteau sur la Seine, le village rue complètement mort et sur le plateau bien plus loin, les extensions de l’Université de Cergy qui se développent à la façons des zones d’activités autour de la gare RER en plein milieu des champs, la métropole dans toute sa splendeur morbide.

Si on réfléchi à la contraintes des ponts, alors on peut imaginer monter sur l’Hautil depuis la gare de Chanteloup, puis redescendre une fois de l’autre coté jusqu’au quai de l’Oise à Andrésy, de façon à longer ce qui reste encore de péniches en activités, traverser, puis remonter la rive gauche, même si cela fait une grande ligne droite, dans une zone portuaire sans beaucoup d’événements, c’est toujours mieux que l’ennui testé l’autre jours entre Andrésy et Cergy, qui ne permet pas du tout de comprendre quoi que ce soit.

Aujourd’hui en sortant de la gare du RER de Conflans fin d’Oise, rive gauche, je descends l’escalier du parking à étage qui ressemble tout à fait à un escalier de secours d’un parking à étage des années 80 mais pas du tout à la sortie d’une gare du RER A. Les portes blindées à badges sont d’ailleurs bloquées en position ouvertes, comme ci cela n’avait pas été prévu. Après le viaduc de la ligne L du Transilien, on est directement sur la zone portuaire, un vague trottoir en herbe ne correspond à aucun cheminement piéton réellement prévu.

Je me rends compte que c’est cela que je suis venu chercher, un chemin emprunté par aucun randonneur, ni aucun urbaniste, pour m’assurer que personne ne me suive par là, aucun marketeur urbain, aucun spécialiste du tourisme culturel, ni surtout aucun pèlerin. Et ce n’est pas sûre que la bande me suivra ici !? À ma grande stupéfaction je tombe né à né avec un panneau de l’avenue verte cyclable Paris Londres, c’est là que je commence à enregistrer des images.

La route après le panneau me fait penser au titre célèbre de Heidegger, « Chemins qui ne mènent nul part ».

« Dans la forêt, il y a des chemins qui, le plus souvent encombrés de broussailles, s’arrêtent soudain dans le non frayé. On les appelle des Holzwege ». Après quelques minutes de marche, cela s’avère une réalité effective, le chemin entre la Seine et la station d’épuration s’est effondré, des grilles en triple épaisseur sont attachés ensemble au serflex, pour être certain qu’aucun gamins décérébré dans mon genre ne tombe dans les eaux pures que recrache le léviathan.

Je reviens en arrière, puis je quitte le chemin ou continue la vélo route, pour remonter le coteau dans la forêt. Plus haut le long du RER je découvre un mini terrain de cross en sous bois juste à l’endroit ou le kilométrage depuis les Halles (28,50) laissent place au kilométrage de la section de Cergy. Des rouleau de barbelés anti-tageurs dignes de Fort Knox, semblent menacés par quelques rejets de jeunes sujets Quercus. L’endroit précis ou commence la liaison entre les voies du RER A et la ligne de Paris Saint Lazare Poissy. Un jour peut-être un tunnel sera creusé entre Poissy et Cergy Saint-Christophe.

Souvenir de ma traversé entre Poissy et Cergy, potager idéal de Marie Pôle (une parisienne indécrottable) et jungle humide accidentée sous la quatre voie en viaduc du boulevard de la Viosne. Remontée directe sur la dalle de Marcouville visiblement plus directement rattachée au sous continent indien qu’à la métropole du grand pas Paris.

Dans le sous bois, Je cherche à rejoindre le petit sentier pointillé qui figure sur mes cartes IGN, il y a un petit talus, puis je suis en lisière d’une sorte de grand pré parfaitement plat, inculte et caillouteux, je décide d’aller m’asseoir vers le milieu pour attaquer ma gamelle de Harengs pommes à l’huile. Un oiseau s’envole de la cimes des arbres qui bordent le plateau, je sors mes petites jumelles d’observation.

Est-ce que le chemin du très grand Paris va passer ici, si il y a une question politique c’est bien celle-ci. Comme toujours avec l’aide d’une carte, c’est assez instantané, ce lieu vide, absent, exclu, apparait, me saute au yeux, il suffit d’aller le cueillir, c’est un terrain vague, blanc, ce vide à l’origine de la ville loin des églises ou autres lieux de pouvoir, et à l’origine aussi de « banlieuedeparis ». Est-ce que le chemin du très grand Paris, va vraiment aller ailleurs que là où on veut toujours nous faire aller ? Personnellement, je n’irais jamais là où on veux me faire aller, je revendique d’être ingérable. À moins que l’on me récupère, début de la fin, déchéance ultime ? À moins que je ne participe de l’érosion des espaces blancs, au profit de la grosse machine touristique mise en place par la Matrice ?

Et pourquoi la vélo route Londres – Paris, passe ici, juste en bas, ainsi que cette branche du Rer A, pour rejoindre cette extrémité de l’Axe après des virages qui ressemblent à un bol de ces pâtes japonaises nommées « Udon » comme le nom de mission a consonance mythologique des Rer « UDON » pour Cergy. Après recherches Udon, semble être un Roi vers 1025, de provinces baltiques, descendant des vandales.

Je mitraille des images de la nuit depuis l’intérieur du RER qui me ramène chez moi, coté sud. Le grand portique à container, encore solitaire du port de Gennevilliers, aux bras déployés au dessus du fleuve, la nuit tombante, avec les reflets de l’intérieur de la rame sur la vitre sécurite me fait penser à « Alice dans les villes », ou bien à « une journée dans la baie de personnes » que je suis en train de lire consciencieusement, même si nous ne passeront probablement pas par le val de Crüye, tout du moins pas avant la phase 3 du chemin vers 2024.. Ira-t-on à Chaville avec Jens, tocquer à la porte de Peter Handke ? Est-ce que je vais finir par écrire un bouquin, le premier d’une longue série ? Je suis toujours assez lent au démarrage.. L’ailleurs c’est l’intérieur, et l’intérieur il n’y a pas besoin d’être mystique, ni croyant en je ne sais quelle superstition ou bondieuserie, ni faire usage de LSD ou de canettes de 8,6 pour aller le cueillir, là où il est ! Souvenirs de Treilles, .. est-ce que tout ça n’est pas encore un peu trop essentialiste ?

P1190357
i170124a SMGP rep DM Conflans Neuville Maurecourt Andrésy

P1190361
i170124a SMGP rep DM Conflans Neuville Maurecourt Andrésy

160825 banlieue de la crise de nerf

En manque d’amour
Pas d’images

Voyage interstellaire immobile, Paris 13, Fleury-les-Aubrais, Le Bec d’Allier, Hollywood

Juillet aout 2016, deux mois de promenades difficiles

La banlieue globale, l’ensemble de la glace, toutes les iso-strates interconnectés par Muethdiver et Neuromancien se définissent comme une seule ville diffuse de zones proliférantes surdifférenciées mais caractérisées par le manque d’amour. La banlieue, ville en devenir est une ville en manque d’amour qui oscille encore entre prostitution et cancer. Cette oscillation est le scandale politique d’une masse devenue hors contrôle. La banlieue est une ville en manque d’amour, mais la ville est devenue une prostituée, une no-go zone marchandisée, but ultime de nos pseudos élites corrompues adorateurs des biosphères artificielles climatisées, ce n’est pas un rébus, ni un syllogisme mais la description la plus exacte possible de l’étendue traversée au fil des ans ici. Il est tant de prendre un peu de hauteur, ou bien plutôt de revenir à une assiduité un peu plus soutenue des billets ?

Pour en revenir au manque d’amour. Alors si j’aime la banlieue c’est que j’aime le manque ? Cela devrait m’aider à lutter contre mes addictions ? La banlieue peut-elle être « en désir de », à défaut de devenir désirable. Elle est le dernier bastion qui résiste à nous transformer en clients, comme le font tout nos processus pseudos culturels. Être « en désir de », est-ce déjà être amoureux ? Être « en désir » de quoi ou de qui ? La banlieue manque de féminité, trop d’aspérités, de barbelés, tessons de bouteilles. Pourtant le terrain vague ?

Zones Blanches, j’ai numéroté par ordre d’apparition tous les lieux du petit bouquin de Philippe Vasset. J’arrive à 97. Lorsqu’il est sorti je n’ai pas pris ce petit bouquin au sérieux surtout à cause de sa zone de prospection limitée à la petite couronne parisienne, où justement les zones blanches sont en voie de disparition. Il en parle page 124. Les terrains vagues aussi disparaissent mais pas la violence. Terrorisme ordinaire de quelques caïds protégés comme éléments de la biodiversité. Chiba a besoin de Ninsei, nos États on besoin du conflit Syrien et nos élues de banlieues, des gros cons en motos trials ? Terrorisme ordinaire.

Même la banlieue se met à puer l’utilitarisme et le proxénétisme de tout le système. Telle « La Vallée heureuse » des collines de Hollywood, si bien décrite par Raymond Chandler dans « La grande fenêtre ». Ma propre haine monte en même temps que mon manque d’amour. Non pas que j’ai épuisé toute l’étendue, mais il me manque ces dernières semaines cette stimulation pour partir me promener ailleurs, partir chercher ce morceau précieux de marge qui habituellement me sauve, …

Il me faut maintenant souvent une ou plusieurs autres personnes avec qui partir dans cette recherche au départ solitaire. Ç’est peut-être bien, c’est peut-être une bonne nouvelle ? Le processus de guérison face à un véritable processus régressif, face à un repli trop complet dans l’imaginaire et les fugues de mon enfance ? Chandler toujours, même Opus, p. 223, coll. « Carré noir », 1982, le Docteur Carl, le psy à qui fait appel Marlowe, un grand juif costaud avec des petites moustaches comme Hitler, dit de Merle : « La gamine est, de toute évidence névrosée. Et c’est en partie fondé et en partie volontaire. Je veux dire que dans une certaine mesure, elle s’y complaît. Peut-être même sans s’en rendre compte. De toute façon ce n’est pas ce qui compte pour l’instant. »

Car il y a aussi la crise d’angoisse, crises de panique, de doutes, crise de nerfs, les prostrations, la maladie, la famille, les factures impayées, l’endettement, les dossiers à rendre, les gens qui voudrais vous faire faire quelque chose à leur gout mais pas au votre, les psychiatres douteux, l’alcool, la difficulté de savoir par quoi commencer qui vous empêche de commencer tout cours, ou bien le travail devenu vide de sens qui empèche de mener celui qui en a encore, les journées vidées de désirs. Toute cela participe-t-il d’une stratégie d’anéantissement cohérente des individus par la machinerie interstellaire ?

Étant donné que nous sommes de plus en plus nombreux à subir ces genres d’aliénations, particulièrement en banlieue globale, cela se met à exploser d’un peut partout, à la ceinture d’explosif si il le faut ! En tout cas, plein de gens refusent d’aller travailler chez Mac Do pour un demi Smic en horaires aléatoires, et moi tout pareil, c’est un engagement et une souffrance.

Mais Je n’ai parlé ici, ni de cette passerelle de tramway qui double le Pont de Joie (c’est son nom), au dessus des voies ferrées en limite d’Orléans et de Fleury-Les-Aubrais (Loiret – 45), tout près de la gare Sncf, et d’où l’on vois un gros paquet des châteaux d’eau du nord de l’agglomération orléanaise. À partir de ce point précis, j’ai tout un projet d’exploration à proposer à cette fameuse « Agglo » ou j’ai grandi (en marge et en fuite). Ni parlé de cette sorte de « terrain vague » constitué d’une étendue herbeuse pleine de trous et de bosses où se cacher. Des trous et des bosses recréées ou déplacées de temps à autres lors du débordement des eaux mélés de la Loire et de l’Allier. Étendue qui est heureusement protégée des iso-strates centripète par la levé Bec d’Allier, élément logiciel connu dans la Conurb, sous le nom de « G.L.A.C.E., Générateur de logiciel anti-intrusions par contremesures électroniques ». J’ai dormis là, vers le milieu, à la belle étoile, sous une sorte de gros peuplier isolé, par une nuit de lune. Elle s’est couchée assez vite laissant place à un ciel sans nuage presque favorable à l’observation du cosmos.

Faut-il que je remonte d’autres fleuves, toutes sortes d’autres fleuves, noirs, invisibles, immatériels, … Notamment pour retrouver un peu de joie à la promenade inquiète. Et chercher à inquiéter le petit monde de la promenade, qui lui aussi peut se mettre à ronronner comme les ventilos des machines du grand bazar. Voilà que je me prends pour Pessoa, ça craint d’autant plus, que je ne suis pas employé de banque, mais plutôt chômeur longue durée, enfin comme tout vrai promeneur contemporain, peut-être ?

150408 Fragment du grand sud parisien

Pas d’images

Ballancourt-sur-Essonne, Vert-le-Petit, Écharcon, Mennecy

Entre deux rendez-vous à l’hosto et ma première séance de chimio, nécessité de partir marcher,… Je suis bien décidé à reprendre l’écriture et les promenades, c’est-à-dire à ne pas me laisser manger par le monde de la kulture, inculture et vidage des cerveaux en mode spectaculaire, dont la bétise crasse est je pense en partie responsable de mon état… Nécessité vitale de travailler à ma cathédrale intérieure comme disait Bison Ravi. Cela dit, on pourrait aussi considérer la ville comme un cancer, notamment ce fragment de métropole ou ont sévis Valls et Dassault, les environs d’Evry-Corbeil, ville nouvelle cassée et vieillissante ainsi que suburbia néo-faf où se cachent usines de missilles et anciens centres de production de plutonium militaire dans le cadre pseudo bucolique de la vallée de l’Essonne, une version dégradée des bois de Vincennes où on pourrait circuler en voiture dans les allées habituellement réservées au piétons, ambiance base de loisir pour néo-chomeurs adeptes de la pêche à la ligne adossé à la bagnole.

Dès le départ de la balade, je me suis dit que venir me promener ici était un mauvais choix, une erreur, voir un mauvais signe quant à la reprise de mes explorations à grandes mailles, celles que je pratique sans les contraintes du monde débilitant de la culture. Que voulez vous, j’aime bien Pérec, mais je ne serais jamais un Oulipien, jamais un homme de système, ni d’appareil. Et puis, cela fait une paille que je n’était pas partie comme ça au désir quelque part dans le très grand Paris, … Cela date peut être de la publication de mon dernier billet ici ? J’exagère sans doute. Depuis j’ai fais des dizaines de promenades, repérages, balades et ballades, etc. mais pas dans cette liberté que j’ai pris ce mercredi en me déconnectant d’une liste de tâches de toute façon irréalisable. Comme j’expliquais à S. Il faut aussi que je ne sache pas à quelle heure je rentrerais. Je sais d’expérience que les bords de l’Essonne aux environs de Corbeil ont toutes les chances d’être glauques à souhait, alors pourquoi choisir une zone aussi sordide dans ces conditions ?

Arrivée à Ballancourt, deux types avec des looks de vrais malfrats descendent devant moi de la rame du BUPE direction Malesherbes, ils parlent de rallumer leurs portables et brancher le Gps, pour se rendre vite en haut, sur le quai l’un se retourne pour visiblement calculer si je ne les suis pas. Je prends un air détaché. Quelques dizaines de mètres plus loin je rentre hésitant en poussant une porte vitrée sous l’enseigne du Café de la Gare. La table de ce midi n’est pas débarrassée, et malgré un comptoir en petits carreaux années 30, la salle fait plutôt penser à un séjour. Un jeune candidat au djihad en djellaba grise part chercher le patron qui fait des travaux dans l’ancienne salle de restaurant attenante transformé en chambre à coucher. L’ambiance Far West commence à me plaire. Le patron avenant et basané fait genre ancien de la légion ou bien agent de la sécurité égyptienne, mais c’est plus probablement un néo-chomeur de la Snecma toute proche reconverti dans le bistrot. Le bibelot avec quatre têtes de serpents à sonnettes dressées qui entourent un buste de pharaon, installé au dessus du moulin à café, complète ce sommaire portrait fantasmé. Sur la porte en verre, une affiche pour l’exposition d’un ringardissime très médiocre peintre du secteur signale l’ancrage local de la maison. Accroché au faux plafond en BA 13 inachevé, est parfaitement fixé, du matériel d’éclairage dernier cris pour organiser les soirées torrides du coin pendant les travaux, c’est bien.

Malgré cet épisode réconfortant au café, et cette ambiance qui continue grâce à d’autres visages patibulaires, j’ai le sentiment d’avoir mal choisi mon point de chute dès les premières centaines de mètres. Trop de retraités en tenu de randonneurs, et puis lorsque Thierry m’appelle pour m’inviter à une virée rue des Morillons, je lui explique que ici aussi se dégage une atmosphère à la Maigret de canard. Sur le coté gauche de l’avenue de la Gare un petit panneau avec tricolore interdit de prendre en photo le magnifique étang derrière le grillage, mais je n’apprends que maintenant qu’il s’agit de l’ancienne usine du Bouchet, première usine française de raffinage d’uranium, officiellement exploitée de 1946 à 1971, mais nouvellement floutée sur Google. Elle se distingue aussi comme site de production de plutonium à partir du combustible usé de la pile atomique Zoé dès 1949 explique Wikipédia. Si j’avais su cela j’aurais peut-être changé mon itinéraire pour essayer de photographier un transport suspect d’Areva,… À l’inverse, après un fausse route jusqu’au bout d’une digue qui sépare l’étang fleurie du court principal de l’Essonne, je suis le tracé du GR11c. J’ai le sentiment désagréable de devenir un jeune retraité randonneur adepte de cette pseudo nature de la grande couronne.

À ma décharge, je précise que depuis la gare RER de Ballancourt, je n’ai pas de carte détaillée, ce qui, dixit Guy Debord and Co., est indispensable pour se perdre. Sur le petit parking mes discussions au téléphone, m’ont fait oublier l’intention de suivre ce balisage, tracé qui tout particulièrement dans un marais, offre la garantie de pouvoir traverser sans trop de détours. Car j’ai bien l’intention d’arriver à la gare de Mennecy avant la nuit, et ma carte « Michelin n°106″ au 1/100 000 ne permet pas d’identifier chacun des nombreux étangs qui entourent le cours principale de l’Essonne, tandis que l’IGN « 2415 OT Évry Melun » ne commence qu’un peu plus loin, juste avant Écharcon.

La séquence base de loisir goudronnée ne débute vraiment qu’au bout de la digue qui sépare l’étang à Chat et l’étang Fleurie. Je passe la rue du Moutier qui remonte sur le centre de Vert-le-Petit, et laisse à ma droite les ruines du bloc sanitaire d’un ancien terrain de camping sur la berge ouest du marais communal, toujours sur le goudron. Au dessus de cet étang au nord, je tourne à gauche dans la ruelle des Soeurs après être passé au dessus de deux petits canaux dont le premier avait un bon débit. Je remonte le coteau et tourne à droite dans l’impasse de la Fontaine Laveau, toujours en suivant le balisage.

Après plusieurs pavillons sympathiques et bien situés, déjà sorti de cette ambiance glauque, le goudron s’arrête, et le chemin est bordé coté marais par de la grille cadie verte en parfait état. Derrière les grilles, la vraie nature commence, vive la grille cadie,… Plus loin au débouché d’un petit sentier qui descends du plateau une petite borne en bon état signale le sentier de grande randonnée, des directions et distances. Il y a aussi un petit panneau qui dit « Espace naturel sensible Départemental du Marais de Misery ». Je continue tout droit, sur ce chemin des Prés (d’après OpenStreetMap). Mais je reste impatient de pouvoir lire ma progression sur ma carte IGN, je me promets d’acheter rapidement la carte « 2316 ET ».

Je traverse enfin Echarcon, jolie village avec un château peut-être Premier Empire à mi-distance entre la villa Palladienne et La Maison-Blanche, je redescends au plus court en direction de la gare de Mennecy. De chaque cotée de la R.D. 153, très roulante en cette fin de journée, les espaces inaccessibles de l’espace naturel sensible Départemental me rassurent un peu sur le genre humain, le département de l’Essonne à vu grand. Quant celui-ci sera géré par le Front National, ces espaces sensible seront sans doute vendu à des promoteurs de la mafia russe pour installer la nouvelle oligarchie francilienne. Malgré mes jumelles et quelques stations, je n’ai pas réussi à voir le Blongios nain, le plus petit des hérons, dont subsistent ici, parait-il, quelques uns des très rares spécimen d’Île-de-France. C’est bien comme ça, je préfère le laisser tranquille le Blongios,… En entrant dans Mennecy et longeant la ribambelle de boîtes à chaussures faisant office de logements plantés le longs du RER, J’ai vraiment le sentiment de rentrer dans l’agglomération de Corbeil-Evry. Je ne pense pas que l’Insee et ses critères obtus de définition de l’agglomération me contredirait, en tous cas la « Michelin 106″ le confirme on entre dans de la ville aggloméré après un trou de cet hérétique substance péri-urbaine. Un groupe fait de la gym allongés dans l’herbe en surplomb de la route, juste à l’entrée du parc de Villeroy. Une femme du groupe qui aperçoit mon regard curieux me remercie d’aller préparer le diner, ils arrivent très vite,…

Je suis à la gare un peu avant vingt heures. Un train pour Alfortville est annoncé à vingt heures vingt-sept. Il ne fait pas encore nuit, mais le jours décline. Pendant le retour, je réalise que j’attaque vraiment l’exploration des alentours de Corbeil-Evry, avec des secteurs ingrats et des pépites, un fragment du très grand Paris ou la ville se distend, où il faut marcher, revenir plus souvent et croiser les traces pour pouvoir appréhender le phénomène et essayer de le comprendre, relier le quartier des Pyramides à Mennecy par exemple, ou relier Lisses au Coudray. Il y a une situation de stress, une tension nécessaire au bon avancement de l’exploration, et puis un seuil ou les choses se dévoilent, toujours dans une marge, comme aujourd’hui entre l’impasse de la Fontaine Laveau et le chemin des prés, à Vert-le-Petit.

130916 Marseille – Abidjan

P1050344
i130916 Vitry Triage Valenton Brévannes Boissy

P1050334
i130916 Vitry Triage Valenton Brévannes Boissy

Vitry-sur-Seine, Villeneuve Triage, Valenton, Brévannes, Boissy-saint-Léger

Hésitant entre les Sms et le silence, c’est finalement le cinquième billet de l’année.. Un moment déjà que je veux écrire sur l’état d’avancement de mon chantier Marseillo-provencale, mon assiduité à aller explorer cette fameuse Zip, Zone Industrialo Portuaire mondiale, que les marseillais délaissent pour mieux se regarder le nombril, regarder leur ville sauvage lentement se décomposer sous l’effet du chômage de masse et de la culture de la galère revendiquée.

Parallèlement à mes expéditions dans le sud, je n’ai pas retrouvé le rythme nécessaire ici. Je campe toujours sur cette impression d’avoir fait le tour du Très grand Paris et je préfère rester sur ma terrasse à tiser. Même si il est vrai que c’est un bon point de vue sur cette partie de la conurbation. Après trois jours passés comme ça, entre la contemplation, un peu de lectures, de recherches internet et pas mal de mauvais films d’actions en streaming pas assez violents pour me réveiller de leur stupidité, je me dis qu’il faudrait quant même que je parte quelque part. D’autant plus que la météo incertaine et les ciels incroyables qui vont avec se prêtent parfaitement à l’exercice.

Lors de mes derniers allez retour dans le Rer atomique pour la Zip (la Zone industrialo Portuaire de Marseille-Fos), j’ai repensé à ce que me disait Nicolas, imaginer un nouveau GR qui suivrait le TGV entre Marseille Lyon et Paris (pour commencer).. Cela me travail pas mal et semble même une bonne idée ? Savoir si cela peut-être rémunérateur est une autre question..

Donc aujourd’hui, il me viens le désir d’aller enfin en reconnaissance à cet endroit où le grand petit Panam Hollando-sarkozyste disparait et le Très grand Paris apparait enfin depuis la fenêtre du train, (48°45′, 2°28′). Je repère facilement l’entrée du tunnel (cf. « l’effet tunnel ») sur l’IGN 2414. Je connais déjà un peu les environs, cette zone floue entre Créteil et Valenton.. Plusieurs promenades pas trop lointaines. il n’y a qu’a regarder dans les archives photos, ou dans les tracés kml, et bien regarder la carte. L’idée se précise…

130501 Tu est comme le fleuve

P1030043
i130501a Choisy-le-Roi chemin de hallage

Choisy-le-Roi, chemin de hallage – Vigneux, Saussaie des Gobelins

Ce Mercredi soir, grâce à la bonne influence de S. mais qui est au travail en nocturne, j’essaie d’équilibrer les choses et donc je pars me promener, parce que mon cerveau est saturé par trois heures de travail idiot. Ce genre de travail qui m’empêche d’écrire ici, d’envoyer des newsletters comme au bon vieux temps, etc. Les projets « culturels » et leur administration… Je monte dans un 182 pour Villeneuve Triage, mais je descends au niveau du quai des Gondoles à Choisy, puis je marche sur la rive en direction de Triage. Je m’arrête sur un banc juste après l’avenue Danville pour contempler la majesté ébouriffante du fleuve.

J’ai souvent eu l’impression récemment d’avoir épuiser le Très grand Paris, ne plus rien avoir à y découvrir, ce qui me retenais d’ailleurs chez mois dans de mauvaises dispositions. Il n’y a pas si longtemps je cherchais justement à aller ailleurs parce que je croyais être trop souvent à suivre le bord du fleuve. Comme si je me culpabilisais d’aller promener dans des endroits trop pittoresques, etc. Mais en fait je me rends compte que le fleuve c’est le fleuve, il est partout, omniprésent, fondamental. J’ai besoin de lui, il est comme le chant d’une sirène, quelque chose qui enveloppe, qui fascine qu’on a envie de suivre jusqu’au fond de l’eau malgré le danger. Là, finalement, les motivations de promenades en bords de Seine m’apparaissent relativement inépuisables.

Vendredi soir, même topo, je poursuis la promenade de ce mercredi alors que S. travail en nocturne et que je souhaite lui envoyer une ou deux cartes postales de banlieue par téléphone. Il y a une légère discontinuité entre mercredi et vendredi, puisque je descends du RER D en gare de Vigneux, mais c’est la même promenade qui continue…

Je connais cet endroit depuis belle lurette, mais il y a encore plein de chose à y découvrir. Surtout j’ai aujourd’hui dans l’idée de voir si il existe un passage entre la Saussaie des Gobelins et l’île Brune. J’apprends d’un local qu’il y a eu une passerelle il y a longtemps. Il ne sait pas si on peux passer sous les voies ferré pour contourner la darse qui sépare les deux espaces. Au débouché j’aperçois de l’autre coté une cabane qui me renvois à mes questionnements sur le Rroms, Stalker, etc. Suite à mes quelques brèves rencontre avec Francesco, il y a un paquet d’année, nous ne nous sommes pas vraiment compris. Notamment cette question par mél qui me laissa sans vois suite à ma newsletter concernant l’implosion aux 4000 : « et alors ? » Je crois comprendre aujourd’hui que c’est parce que je n’ai jamais bien su expliquer ce que je pourrais faire à poser mon sac au milieu d’un camps de Rroms ou d’une cité de banlieue. Et pourtant cela s’est produit, c’était bien le contexte du projet à Nanterre par exemple. Face à cette cabane j’envisage de revenir bientôt dans les environs, sans forcément aller jusqu’à cette espace trop privatif de l’île Brune. Par environ, je pense aussi au « Pérou » dont ma parlé Laurent à Marseille. « Pérou » qui si j’ai bien compris à été évacué récemment sur ordre de notre bon ministre de l’intérieur. Pourquoi je n’irais pas trainer là bas !?

Le lien entre tout ça, c’est peut être le fleuve, toi et le chant de la sirène, l’immersion, le rapport aux autres, au monde, tout un tas de choses fondatrices et que j’ai en commun ou pas avec toi, mais qui existent dans l’interstice entre nous et les autres, entre toi et moi, dans notre rencontre, nos palabres qui pourraient nous engloutir joyeusement.

P1030130
i130503a BDP Vigneux chemin de l’écluse et Saussaie

P1030124
i130503a BDP Vigneux chemin de l’écluse et Saussaie

130308a Tous les pendre !?

P1010371
i130308a Tgv MSC GDL article libé grand Paris

Lecture de la double page de Libé consacré au « nouveau grand Paris » dans le Rer atomique.

J’ai pris cette image un peu mise en scène dans l’intention de la publier ici. Et puis comme je ne publie pas souvent, (pas assez) et que je suis pris par plein de conneries presque deux mois ce sont écoulés. Il y a aussi que j’hésitais à rentrer dans ce genre de polémique politicienne sur le (petit) grand (nouveau ?) Paris Sarkozyste. Ce sera finalement un billet politique de banlieuedeparis (et je ne sais pas si c’est comme ça que je vais trouver du boulot.. enfin il devraient me filer un poste ou un peu plus d’argent au lieu de sortir des inepties pareils).

Car enfin, je n’ai absolument rien contre la bonne ville de Paris, je veux parler de la municipalité, bien au contraire, mais il faut dire que si le président du nouveau machin (nouveau grand Paris, ou autre) est le ou la maire de Paris, ce sera juste indécent.

Voilà, et d’ailleurs je le dis autour de moi, tout particulièrement quant j’organise une visite financé par la ville de Paris. Le (petit) grand (nouveau ?) Paris présidé par le ou la maire de Paris, c’est exactement ce genre de choses, qui décrédibilise notre caste de politiciens lobotomisés par leurs fréquentations du club « le siècle » ou des bureaux de Vinci. J’avais pourtant à priori rien non plus contre J.M. Ayrault, mais comme pas mal de monde, sans être un zadiste actif ni salarié à Florange, j’ai de plus en plus de griefs contre lui.

Le ou la maire de Paris, président(e) du nouveau grand Paris !? alors que ça fait des siècles que la capitale chie sur la gueule de la banlieue… (plus maintenant ?) Il s’agit en effet d’un registre symbolique et il semble que ce registre symbolique échappe totalement à nos élus. Est-ce que cela voudrait donc dire en fait que ces élus professionnels ne font plus de politique mais juste des affaires, de la bonne gestion, même « radicale », etc.

Enfin, c’est pas brillant cette histoire. C’est peut-être déjà de l’histoire ancienne, j’ai pas suivi le feuilleton, depuis, mais ça donne pas envie de le suivre. Et puis c’est pas l’objet de ce blog, ni de mon boulot. D’ailleurs je ne sais toujours pas quel est l’objet de ce blog, mais de tant en tant il y a des positions qu’ils faut prendre et affirmer.

130206 des nouveaux terrains de jeux ?

P1000945
i130131a Cluj Cug avec S

P1010007
i130131a Cluj Cug avec S

Cluj – Cug, Bulgaria

Cluj comme une bouffée d’oxygène ou bien un nouveau terrain de jeu en perspective ? En descendant de l’avion, sur le tarmac de Beauvais-Tillé, je veux y retourner illico pour continuer l’exploration. C’est une petite ville d’à peine 400 000 habitants, mais une ville multiculturelle et sympathique du far Est européen. Et cela à moins de 2000 kilomètres de Paname, à mi distance de Erevan. Cluj-Napoca s’appelle aussi Claudiopolis en latin, Kolozsvár en hongrois, Klausenburg en allemand, קלויזנבורג en yiddish, Kaloşvar en turc. Le ticket d’avion ne reviens pas plus cher qu’un billet de train pour Aix-Tgv et je commence tout juste à connaître vraiment l’étendu de l’agglomération ainsi que les proches environs. D’ailleurs lors de ce voyage j’ai franchi un seuil, une étape : se forger des projets de rencontres ou de visites, dépassant ainsi le registre du simple arpentage.

Il y a alors un rapport d’intimité avec le terrain, celui de la ville ou autre chose (intimité avec des périphéries comme celles de Bulgaria, lorsque soudain on se retrouve avec les mêmes roumains que ceux qui habitent dans des squats à Paris, je ne veux pas parler des Rroms, mais d’une certaine Roumanie vraiment pauvre, si peu visible devant les boutiques de luxes du centre ville de Cluj, si peu visible même à Manastur.. Une certaine Roumanie qui n’est pas non plus la Roumanie rurale).

Sur 5 jours, je n’ai pas trouvé le temps de travailler (?), mais on a parcouru la ville en tout sens grâce au bus, trolleys et tramways (qui fonctionnent tip top !!), de Zorilor à Cug. Alors évidemment j’aurais pu écrire un billet sur les boutiques de luxe, peut-être aussi sur Terrassa Toskana, un lieu que je trouve vraiment sublime et unique.. Mais Cug c’est tout de même quelque chose de fondamental. Cug c’est presque aussi important que d’être hors zone Euro… Grâce au refus de l’Euro – Deutsche mark, la Roumanie à conservée contrairement à la Grèce et la France quelques usines en plus des blocs communistes qui façonnent la ville. C’est peut-être du à la maffia post « révolution », mais la maffia ne gouverne t-elle pas l’Europe aussi ? Hollande, Baroso et Merkel ne sont-ils pas des petites mains à la solde des grands caïds de l’argent sans odeur, ces grands caïds du crime parfait, ceux peu nombreux qui à défaut de payer des impots, paye les lobyistes à Bruxelles et dont les crimes ne peuvent pas laisser de traces sur les radars, je veux parler des vrais crimes, lorsqu’ils éliminent physiquement des personnes qui s’opposent aux intérêt de leur multinationales, découvrent leur vrais visages, des éléments vraiment génants, ou lorsque ces demi dieux de l’oseille testent de nouveaux médicaments au fin fond de l’Afrique sans compter les morts. Alors faut-il soutenir les maffias de l’Est européen ?

Cela dit, j’aimerai bien savoir à qui appartient réellement Cug aujourd’hui !? Parce que c’est la première fois que je traverse l’ancien combinat en tombant sur un vigile moitié clochard avec chiens qui nous empêche de faire la visite complète ! J’ai eu beau lui dire que nous travaillions pour la mairie (ce qui est évident), il nous à pas lâché : « propriété privé, propriété privé.. capitalisme, capitalisme », j’ai eu beau lui dire que le capitalisme et le communisme étaient équivalent, rien à faire ! Après j’ai failli lui sortir un petit billet de 10 ou 50 lei mais il avait l’air trop con et borné pour que je lâche quoi que ce soit. Enfin je crois qu’il a justifié ainsi de sa journée et à pu retourner boire dans un coins de cet alcool blanc bidouillé que l’on trouve ici pour quelques euros le litre.

Le lendemain soir B. m’a dit qu’après 89 le combinat avait été partagé entre plusieurs personnes, individus, genre oligarques.. bref, il y a un sujet pour une bonne enquête. On a d’ailleurs ensuite testé l’alcool blanc en question avec S… Je ne veux pas parler de la Palinka que B. nous a servi généreusement et évidemment excellente, mais de ce qu’on à bu après, une fois rentrés à la maison, un produit d’épicerie pas mal du tout en fait.

Pour en revenir à l’analyse politique, coté oligarques invisibles (plus discrets qu’à Moscou, Europe oblige), ceci explique sans doute cela. C’est-à-dire les événements récents en Roumanie, par exemple ceux qui inquiètes pas mal Bruxelles et moi aussi (quant même) : de jeunes présidents de paille au ordre du système issue d’une « révolution » de paille qui évolue de plus en plus façon Orban ou Poutine…

Pour résumer, Cug est donc le bon endroit pour organiser la future capitale de la culture ‘Cluj 2023′…

Je n’arrive pas à comprendre pourquoi des frimeurs comme Ami Barak (qui ressemble à notre Tartuffe de Chirac avec son petit drapeau France sur la tête) organisent des diaporamas sans intérêts dans des lieux coincés comme le ‘Spatiu intact’ de la ‘Fabrica de Pensule’ (voir i130128a sur flickr) sans visiter Cug et l’investir..

Enfin le programme vidéo dont il est question n’était vraiment pas inintéressant en soi, mais il procédait cependant de l’impérialisme pur et simple : aucune interaction, aucune prise de risque, aucun rapport avec le contexte. C’est ça aussi les problèmes de l’Europe… Le snobisme occidental dans tout les sens du terme, les branchés de Cluj qui veulent faire aussi glacial qu’à Paris ou Berlin, et les apparatchiks de la culture française bien comme il faut qui profitent du machin, … qui importent de la belle culture globale aseptisée beurk! (même si j’adore les films de W. Wegman avec son chien !!)

Enfin dans l’art contemporain à Cluj, il y a aussi d’autres choses, d’autres gens, (idem voir i130128a sur flickr) on as eu un peu de temps pour le découvrir et cela fait bien plaisir de voir que le monde n’a toujours pas été complètement lobotomisé par la connerie. Mais de là à ce que les gens cultivés de Cluj reconnaissent (avec toute la distance nécessaire) l’existence d’un patrimoine industriel de l’époque Ceaucescu, il y a encore du boulot, sans parler de l’architecture des blocs de Manastur, Zorilor ou Marest.

P1010076
i130131a Cluj Cug avec S

130104 Maffia blues 2013 !

P1000419

Montparnasse, Porte de Vanves, Malakoff, Clamart, Issy, Bas Meudon

Cette première balade comme préliminaire de l’année du Serpent (enfin pas avant le 10 février… en attendant on est toujours dans l’année du Dragon). En tout cas cette première promenade comme une chanson. Un petit plaisir pris ce jours là. Deuxième raison : préparer la promenade du 19 janvier Porte de Vanves nécessite évidemment de resituer l’affaire dans son contexte.

Je m’aperçois avec un peu d’effroi tout de même que cet itinéraire convoque un foultitude de choses un peu épaisses dans ma cervelle. Le fait d’avoir inviter S. justement à ce repérage me questionne, je suis vraiment amoureux c’est certain. Ce n’est pas une sinécure !

On commence devant la gare Montparnasse, puis en bout de quais sur la gauche on prend l’escalier qui mène au jardin Atlantique, afin de bifurquer et traverser la résidence Mouchotte, on aperçois les caoutchoucs de Raymond derrière les vitres du premier étage sur dalle de cet ensemble Dubuisson. S. est terrifiée par l’architecture un tout petit peu S.F. On poursuit jusqu’à Malak via Porte de Vanves où évidemment je resitue Popov le Rouge sans qui banlieuedeparis n’existerait pas. Sur une idéee de S. on explore le marché couvert où je trouve ce livre que j’ai dévoré depuis. C’est une mine d’or sur le Hard Boiled, mouvement littéraire des années 30 qui à inventé le Polar. Michel Martens explique aussi comment et pourquoi son histoire à été enfouie, ses auteurs volontairement oubliés par les majors américaines de l’édition, tout cela étant par trop subversif et pas assez commercial et surtout finalement trop politique. Pourtant, on n’en a pas fini avec ce genre étant donné l’accélération dans la déliquescence de nos sociétés maffioso-étatico-libérales. Cependant le polar français reste assez sage et chiant façon Agatha Christie. Izzo, comme exemple moyen était un passionné de cuisine provencale, ce qui ne vaut pas un peu plus de violence. Faudrait écrire des polars façon Hard Boiled donc notamment bien documentés sur le sud de la France contemporain ou encore la Seine Saint-Denis, les Hauts de Seine ou le Val de Marne. Dantec à commencé il y a une vingtaine d’année par quelques bons premiers polars entre Vitry, Choisy et Créteil, mais après il est tombé dans la métaphysique et le dogme, Baudrillard lui a lavé la cervelle… il s’est mis à surfer sur la vague radicale façon Thierry Meyssan versus théorie du complot et s’est exilé préventivement au Canada. Surtout il s’est mis à faire de la ligne comme on dit, et c’est bien dommage.

Je me paye l’ouvrage de Martens pour 4 euros, le bouquiniste du marché qui ne vend que des occases est un vrai libraire. Le reste du centre de Malak est devenu un boboland pour apparatchiks bourgeois-communistes avec quelques pauvres sur les bords pour tenir le décor (Malgré le démenti d’Armelle).

Après on ressors du marché pour se retrouver assez vite sur la très fameuse Départementale 50, cette route tellement importante pour les débuts de banlieuedeparis. À quelques centaines de mètres de là (en direction de Vanves où créchait Popov vers la fin du siècle dernier au onzième étage au dessus du TGV), on rentre à la Madelon en face de l’annexe de l’Insee. J’explique à S. que nous fantasmions à l’époque d’organiser un plastiquage d’envergure de l’établissement public (de nuit pour essayer de ne tuer personne). Façon à conjurer la bêtise d’un collègue des manifs lycéennes de 86, Jeune Communiste dont le rêve ultime était alors de faire carrière à l’Institut National des Statistiques et Études Économiques.

Émotion de rentrer une nouvelle fois à la Madelon, ce haut lieu de la banlieue de Paris, cantine ouvrière fréquenté notamment par Pierrot le Fou (le prénom à été changé), tireur d’élite de la CGT (je brode ou bien je mélange différents membre du syndicat de façon à brouiller les pistes)… C’est une vraie madeleine de Proust !

Reconnections d’un certain nombre de promenades vraiment lointaines : celles des débuts, lorsque je venais me perdre par ici, désorienté, déboussolé, paumé pour de vrai ! Du coup, on discute psychologie évidemment, l’inconscient, les associations d’idées et la nécessité de la promenade dans ce cadre, la subduction des souvenirs, les différents types de mémorisations, ce type de mémoire qui nécessite la promenade pour refaire surface. Tout cela comme une évidence connue depuis longtemps mais qui s’affirme, se vérifie et se partage. Le plaisir d’une conversation et d’un petit verre de Sancerre.

Ensuite on mets le cap sur le fort d’Issy (Santini n’à vraiment pas de quoi être fier), l’hôpital Percy, le bas Meudon. On continue à suivre la ligne de train jusqu’à la maison de Rodin ou je n’étais jamais rentré. Le type devait être assez infernal et pas mal lubrique. Il y a des jolis petits culs féminins exposés, je suis particulièrement attiré par une vitrine ou le maître constitue à la façon d’un taxidermiste une collection de petits modèles qui figurent nos différentes émotions ! On profite un peu du jardin avant de poursuivre.

Le Bas Meudon, c’est tout de même un peu plus loin, 1 kilomètre (ouest/ nord-ouest) à vol d’oiseau. On descends le coteau par un petit chemin qui serpente entre les propriétés au bout de la rue Estienne d’Orves et passe sous le viaduc du RER C, ensuite on enfile l’avenue de Verdun vaste ensemble homogène de promotion immobilière débile (Chine populaire façon vaches folles française et politiciens défoncés à la coke). Au bout, une fois passé sous les voies du T2 puis rendu sur les quais, les choses s’arrangent (pour le moment).

J’achète une 8/ 6 chez l’épicier et on s’assoit sur ce muret en béton devant cette tour qui va bientôt disparaître. Là, juste en face de l’ancienne entrée principale de la Régie Renault (alias le Krak des ouvrier). Une image plus ancienne de la tours doit figurer quelque part dans mes disques. S. me pique la moitié de ma boisson, ce qui nous oblige à revenir plusieurs fois à la source. L’épicier qui n’est pas du bled rigole bien. Le Bas Meudon dans son ensemble n’en a plus pour longtemps. Dans la tours, quelques appartements avec de la lumière semblent donc encore habités, ainsi que le restaurant dont le volume avance vers la Seine au niveau du premier étage. Mais le permis de démolir est déjà affiché.