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Samedi 13 janvier 2018 – Sceaux, Le Plessis-Robinson, Fontenay-aux Roses, Clamart, Vélizy-Villacoublay, Chaville, Viroflay
Cartes IGN n°2314 OT.
Le « Stardust » c’est un café tabac à gauche du Monoprix juste au dessus de la gare de Robinson, c’est donc situé à l’extrémité nord-ouest de Sceaux, et plutôt que café tabac, sur le store bleu marine du bistrot, il est écrit « Restaurant Franco/ Américain ». Il est 11H30 et j’ai seulement quinze minutes pour écrire comment je suis arrivé là avant que Jens n’arrive à son tour pour notre premier repérage « Smgp » de l’année,… C’est aussi ma première promenade 2018 après une longue coupure « famille » avec mon père de plus en plus malade depuis mi décembre. Et ma difficulté à me réveiller ce matin, fatigue accumulée, fatigue psychologique, manque de sommeil, etc. Bus 172 jusqu’à Bourg-la-Reine puis ce bon vieux Rer B.
Il fait gris comme un 13 janvier, la banlieue est moche, les gens aussi aujourd’hui et notamment ceux que je croise en gare de Bourg-la-Reine à part un randonneur que je photographie de dos, en face d’un grand poster décoloré du C.A.U.E. retraçant l’histoire du lotissement des castors de la Bièvres. Qu’est-ce qu’on fout à trainer dans un monde aussi invivable ? Tout ça me semble totalement vide de sens !
Mais en arrivant ici, la bâtisse du Monoprix ou bien tout à l’heure les balcons en arrières des immeubles qui bordent la gare de Bourg-la-Reine, le paysage sur Les Blagis depuis la fenêtre du train, puis tout près d’ici, les arbres sur le talus de la voie ferrée, comme déjà une promesse de forêt, puis surtout ce bistrot tout gris de l’extérieur, mais avec à l’intérieur, une déco vintage rock’roll et une patronne d’époque qui rivalise avec la sculpture grandeur nature d’une serveuse US toute blonde, grande et pulpeuse en mini jupe, les fauteuils gris et rouge, les tables en formica, les canapés verts. Est-ce que cela a à voir avec de la résilience ? Est-ce que le « Smgp » ou banlieuedeparis parlent de ça, c’est à dire comment on ressent les lieux que nous traversons, ou bien est-ce que je dois vraiment me mettre à écrire plus régulièrement pour sauver le « Smgp » du marasme culturel ! Le « Smgp » (Sentier Métropolitain du Grand Paris) va t-il sombrer dans la vanité et la totale vacuité d’un énième projet culturel ? Va-t-il reconduire les discours stéréotypés sur la banlieue ? Il faudrait plutôt faire le récit de ces moments évanescents où tout semble perdu, insupportablement plombé, et ou un visage, un paysage, un immeuble, une herbe, une trace sur le sol, transfigure soudain la banlieue, la rend habitable, en assure l’aménagement véritable de cet espace invivable. Cela procède alors plus de l’agriculture urbaine que de cette arnaque culturelle d’un monde fermé sur lui même, fonctionnant en vase clos, et qui n’a rien à dire sur le réel.
Surtout il faut faire exister les lieux encore et encore, en les nommant, en les décrivant, en les connectant entre-eux, et pas seulement quelques lieux emblématiques pour France Culture. C’est ça que personne ne veux faire, comme si personne ne vivait dans cette ville, comme si personne ne se la coltinait au quotidien. Car c’est surtout des Parisiens qui écrivent sur la banlieue, le problème viens peut-être en parti de là ? Et puis, on se penche sur la banlieue, cela ne peut donc pas être du vécu, c’est du pathos chrétien, avec toujours les même poncifs sur les pauvres des quartiers. Violence ordinaire du bon Abbé Pierre.
Depuis notre table de café, je montre à Jens, au loin, la terrasse de Fontenay et les bâtiments de la sureté nucléaire. On va mettre le cap dessus, allé découvrir la haut, ce paysage anomique, ce bruit blanc du grand sud Parisien. Un point de vue très remarquable que nos amis de l’IAU considéreront peut-être un jour à sa juste valeur. Il faut qu’ils se mettent à la physique quantique les garçons. Car cela nous en apprend bien plus sur la ville contemporaine que la terrasse de Saint-Germain ou l’escalier de la Pompe de Marly. Il en va a peu près comme du récit des rêves aborigènes confrontés à la rhétorique des films hollywoodiens, ce ne sont pas les même structures narratives. Il y a donc un bel enjeux à faire passer le chemin ici sur cette terrasse d’où l’on à un panorama parfait sur le profil de la butte chaumont de Champlan plein sud. Mais là encore il faut savoir se fabriquer une paire de lunettes adaptées.
À Jules Lenormand, tout en haut sur le montant d’une étagère, mon père avait décrit au crayon de papier, une façon d’aligner la grille de la fenêtre avec un repère de la cours de l’école pour déterminer la position d’un château d’eau qui allait être caché par une nouvelle construction. Il avait réalisé cette petite installation artistique inédite juste avant que des nouvelles toitures ne cachent ce paysage et ce point de repère essentiel. Paysage de paysan n’en déplaise à Monsieur de Montaigne, … un siècle après l’an mille, les conjurés après avoir bien arpenté les terres qu’il travaillaient, les avaient récupérées pour parties en mettant un couteau sous la gorge des aristos, et peut-être s’amusaient-ils déjà de la sorte, bien avant mon papa avec des points de repères !? Enfin de là à considérer mon père comme un conjuré, j’exagère un peu car il se prétend non violent, pas moi, mais il n’y a qu’un pas et sans doute un héritage, la revendication d’un paysage et d’une géographie. J’ai donc commencé à repasser toutes les limites communales au feutre rouge sur mes cartes Ign. C’est un travaille, mais cela rend visible une vraie structure du territoire, et puis ces frontières administratives que la metropolisation voudrait effacer pour installer sa petite dictature, coïncident aussi souvent avec de vraies périphéries, des endroits où il faut aller marcher.
On longe par le dessus les voies ferrées, avenue du Plessis, on laisse à droite le charmant bar restaurant « au métro », comme si l’ancienne ligne de Sceaux était un métro, c’est déjà tout un poème, ou bien l’amorce pour un polar de banlieue de Philippe Hauret ? Au carrefour avec la D75, 86 ngf, on monte tout droit l’avenue Raymond Croland, puis on rentre dans une petite cité rue Alexandre Fleming. Curieusement Jens, n’avait pas détecté le petit sentier des Renards, indiqué sur l’Ign, et qui permet de déboucher directement sur la rue Boris Vildé. Deux cents mètres plus à l’Est, le sentier des Richardes rejoint la route du Panorama à la côte 155.
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Sur le banc public devant les gros hangars en béton du centre de recherche du Commissariat à l’Énergie Atomique, quelqu’un à écrit le mot « Vise » avec de la peinture sur le dossier d’un jolie banc en béton lavé. Est-ce que finalement je laisse les images raconter le repérage d’elles mêmes tels des rebus. C’est bien ce que je fais d’habitude !? Et que vise notre projet de Sentier Métropolitain du Grand Paris ? Sinon peut-être de continuer l’œuvre des conjurés, et inventer une autre géographie, une autre distribution, aménager une autre étendue !? Ça fait peut-être un peu trop pour réussir à écrire un premier bouquin. Ça c’est chiant !
On devine dans le brouillard, la butte de Champlan (120 ngf). Jens me soutient mordicus, qu’elle est artificielle, je veux bien admettre qu’elle ait servie de décharge mais j’ai du mal à croire qu’elle le soit complètement,… Elle marque l’extrémité Sud-Ouest du plateau d’Orly-Longboyau (85/ 95 ngf) et encadrent avec le plateau de Saclay (150/ 160 ngf) une sorte de col par ou se faufile l’Autoroute A10 qui bifurque vers l’est après la butte pour rejoindre l’A6. Parce que l’A10 devait continuer plein nord pour longer les voies du Tgv ouest et rejoindre par ce passage les grands boulevards transformés en périphérique intérieur au niveau de la tour Montparnasse. On en aurait finis ainsi avec le petit Paris dont n’arrivent toujours pas à sortir les petits Parisiens apeurés et parmis lesquels certains se penchent parfois sur le grand Paris avec ignorance crasse et condescendance catho !
La réapparition dans mon imagination du village rue de Champlan, en coteau sud du plateau de Longboyau, me donne envie d’écrire un autre billet, cette fois sur le site internet de la grande Caravane, que nous délaissons, pour raconter cet écheveau de routes et d’autoroutes entre Champlan et Chilly Mazarin. D’autant que depuis décembre je passe là au moins une fois par semaine en voiture. L’hôtel Parthénon au milieu, avec sa façade de temple grec en carton patte face aux champs de betteraves survolés par les avions. Les iles de bétons chères à J.G. Ballard, mais dans leurs version Gonzo, recouvertes de sable fin, et que nous arpentions avec les Dianes chasseresses – pétroleuses de Picture Tank, lors de la quatrième caravane.
Bref, cette butte, artificielle ou pas, est un relief fondamental de l’Idf ! La silhouette couchée de la butte chaumont de Champlan depuis la terrasse de Fontenay est digne de la collection numériques de tétons d’architecture qui est le vraie ressort de certains de nos édiles. Elle délimite les vallées de la Bièvres qui tourne là à 90 degrés et celle de l’Yvette qui rejoins l’Orge pas très loin, il faudrait hissez là un gros ballon captif qui signale notre sentier, au moyens des quatres lettres fluorescentes de son acronyme « S.M.G.P. » écrites en énorme dessus, cela plairait à Paul, et égayerait peut-être un peu les environs glauques de la banlieue à la façon des visuels d’Archigram pour l’instant City.
Un peu plus loin on découvre dans une petite cité en coteau plein sud, un joli petit immeuble façon Jean Bossu avec une belle coursive au premier desservant des logements en duplex traversant par dessus un rez-de-chaussée de commerces. On discute avec un jeune papa en train de faire manger sa fille, sortis par curiosité sur son pas de porte. Ce tout nouveau propriétaire est ingénieur chez Laffarge, alors on parle donc du G.P.E. (Grand Paris Express), des millions de tonnes de terre qu’il va bien falloir mettre quelque part et de notre petit projet de Sentier Métropolitain, qui aurait bien besoin de quelques buttes artificielles supplémentaires pour observer tout ça. On échange les courriels pour qu’il nous envoie des information sur l’histoire de son bâtiment.
Après on file sur la cité jardin, via le parc Henri Sellier après avoir retraversé la D75, le petit quartier en coteau plein sud, sous la petite cité est vraiment très chouette, petits escaliers, petites maisons qui se tortilles pour suivre les courbes de niveau. Le Papa de tout à l’heure à bien choisi son coin. On pique-nique au milieu du théâtre de verdure du parc Henri Sellier puis en sortant du parc, on se retrouve tout au fond de la cité jardin, rue du capitaine Chalvidan, c’est complètement bobo, les enfants jouent au milieu de la raquette de retournement de cette rue en impasse, bordée de grandes maisons ateliers d’artistes que surplombent les énormes chênes du parc, on tombe sous le charme. C’est peut-être là qu’a grandi S. mon collègue d’école à l’Up6, à qui je dois peut-être ma réconciliation avec la banlieue ? Ce qu’il me disait de la cité jardin, m’a toujours fais réfléchir sur le sentiment de rejet de la banlieue que j’avais alors, au tout début des années 90.
On retraverse la D75. En face, ce qui sur ma carte Ign était un vaste espace blanc, ou plutôt un grand prés, un terrain de sport au cœur du dispositif de Henri Sellier, est aujourd’hui complètement rempli par une architecture façon playmobil que Jens appelle la « petite Venise » parce que le complexe est parcouru par une petite rivière artificielle. Un front bâti composite mais compacte, qui essaie de « faire ville », homogène dans sa pseudo diversité, borde tout le long la départementale. Mais ce n’est pas franchement accueillant, malgré les commerces qui sont tout juste des services dans la trajectoire résidentielle de petits bourgeois éphémères qui habitent comme des fantômes cette nouvelle cité dortoir. Des banques, des assurances, des boutiques de produits de beauté, des boutiques de chocolats, des bistrots à vin qui sente l’arnaque, des fleuristes, des caves à vins, un Carrefour City, un club de fitness, une cordonnerie à la façade quasi aveugle, un coiffeur, un pressing. On se faufile derrière ce décor par un petit passage se voulant urbain. Le quartier digne d’une attraction Disney est donc parcouru de petits passages, de petit ponts et par une petite rivière en circuit fermé alimentée par les eaux pluviales, un panneau nous informe sur le tarif des cartes de pêche. Avant de visiter l’imposant théâtre – complexe culturel municipal qui ressemble au temple principale d’une église de scientologie dans un pays fasciste d’un futur proche, ou bien à un fragment d’un centre commercial géant d’une planète artificielle, on croise deux types pas frais visiblement bien avinés, qui pêchent nous disent-ils de vrais poissons dans la pseudo rivière.
Ensuite, avenue de la Libération, extrémité de la grande barre spaghetti de plus de 200 mètres de la rue Auguste Rodin, de l’autre coté de la D2, avenue Paul Langevin, on traverse de part en part le complexe sportif du Plessis-Robinson, puis on rejoins la 906 par la rue de Versailles, qui n’a rien d’une voie royale. Pizza Mezza Luna, salle en location, parking et brasserie PMU avec, devant, attroupement du petit peuple grand Parisien, pavillons disparates, parfois une publicité 3*4 en guise de clôture, épannelage façon Mossoul, terrains vacants, stockage de matériel de voiries, bicoques façon Robert Doisneau, petit immeubles de bureau tout neuf et bien mis, au fond du paysage émerge coté droit de la rue l’ogive salvatrice en pierres de taille de l’église de la cité de la Plaine, coté gauche de la rue, je désigne à Jens, dans un fond de cours au dessus d’un bel ensemble de garage ripoux, les silhouettes écrasantes de deux énormes réservoirs en béton.
A l’entrée de la cité de la Plaine un panneau que je ne prends pas le temps de lire, explique l’histoire de la cité de 2000 logements et le parcours de Robert Auzelle. Ça c’est du lourd ! En effet les petits individuels groupés autour d’un petit près sont très bien dessinés, c’est déjà presque de l’architecture principe dans le coté catho-autoritaire, si bien que les poubelles de tri sélectifs qui n’ont pas été prévu par l’architecte installent une ambiance de tiers monde dans le paysage. Mais c’est beau ! On file voire la petite bibliothèque de Gérard Thurnauer, elle est complètement entourée d’une haute palissade de chantier blanche en tôle laquée, mais fonctionne, c’est comme si les usagers et les bibliothécaires avaient été emmurées vivants par la palissade, on se faufile encore une fois entre deux plaques de tôles éventrées, c’est l’accès de service à l’arrière, on visite, il y a un groupe d’enfant en train de préparer quelque chose. L’architecture est cryptique, alors normale ça pu les remontées d’égout. Mais c’est magnifique, la rénovation ne sera pas du luxe. Plus loin l’alignement des barres Hlm qui bordent le cimetières de Clamart, installent une ambiance légèrement moins sympathique. Mais sans doute, il ne peut pas y avoir de rédemption sans une bonne dose de souffrance. On file sur le grand ensemble de Pouillon, qui est comme une énorme claque. Une énorme leçon d’architecture, comparable aux abbayes Cisterciennes, à du Ledoux, ou à la vibration Corbuséenne, … Sans commentaires, ça ne peut pas être raconté, c’est épidermique, chorégraphique.
Passerelle sur la 118, et traversée au crépuscule de cette extrémité sud de la forêt de Meudon, pour rejoindre l’Ursine. Devant la gare de Chaville Vélizy, à La Rotonde, Jens avec son visage d’ange, fais copain copain avec la patronne. Après que celle-ci lui ait raconté en allemand sa vie au Brésil, il arrive quasiment à obtenir d’elle un rendez vous avec le grand Snark. Et le patron, pas trop rassuré, laisse faire. Il nous laisse même repartir presque sans histoire. Je suis médusé !
Mercredi 17 janvier 2018 – Montfermeil, Clichy-sous-Bois, Livry-gargan, Sevran
Cartes IGN n°2414 ET, 2413 OT.
Ce mercredi 17 janvier, je mets le cap sur un souvenir et quelques images enregistrées il y a pas mal d’années. Cela a d’ailleurs peut-être fait l’objet d’un billet ici dans dans l’ancienne version de banlieuedeparis, je ne sais plus, il faudrait que je regarde. Souvenir de l’aqueduc de la Dhuys enherbé entre la cité Romain Rolland coté Clichy et la cité des Bosquets coté Montfermeil, en lieu et place de la frontière administrative entre ces deux villes. Mais j’ai mauvaise mémoire, je ne me souviens pas non plus de quant ça pouvait-être, mais c’était avant 2005 en tous cas, peut-être en 2003 ou 2004. Je me souviens que j’avais marché jusque dans la forêt toute proche, en suivant l’itinéraire de l’aqueduc, j’avais écris là dessus. Aujourd’hui, il s’agit de vérifier l’hypothèse de tracé de Paul pour la Caravane n°10 du « SMGP » qui doit passer par ici samedi 27 janvier.
Mais, je n’écrirai probablement pas sur ce « pré-repérage », tout du moins pas ici dans ce blog, si je n’avais pas à un moment donné, commencé à enregistrer une image, puis une autre, etc. Elles sont comme des témoignages indispensables des lieux traversés. L’enregistrement visuel a cette capacité à rendre présent à nouveau les lieux, à en restituer l’existence singulière. Du coup, ces images sont des aides mémoires efficaces. Mais contrairement a ma promenade du 13 janvier ou j’en ai finalement enregistré 196 tout au long du trajet, je n’en ai enregistré ce mercredi que 18. La première, comme un prétexte, advient grâce à la petite trouvaille d’un panneau indiquant « Le grand Sentier ». Comme si d’autres avaient anticipé notre projet d’un « Sentier métropolitain du Grand Paris ». Ce panneau est planté tout en haut d’un petit escalier en béton, au bout de l’allée du Belvédère situé sur la commune de Livry-Gargan. Une mini butte panorama un peu ridicule à été aménagée sur un rond-point pour qu’on profite mieux de la vue réellement époustouflante à 180 degrés. Curieusement un autocollant blanc, proprement disposé semble recouvrir le nom de la commune que l’on retrouve sur les autres panneaux de la ville. Seul le blason de Livry-Gargan reste visible en haut à droite du panneau.
Je m’assoie dans l’escalier du Grand sentier pour casser la croute un peu à l’abri du vent froid. Mon déjeuner est sonorisé par des pétarades incessantes qui viennent du contre bas. Je vérifierai ensuite l’existence d’un stand de tir dans le grand complexe sportif de Livry-Gargan. En bas des escaliers je suis le tracé de Jens, rue du Docteur Herpin, puis rue de Vaujours, cette vieille route pas très large et sans trottoir qui longe le pied de la butte boisée de Vaujours semble receler plusieurs entrées de carrières. Juste après l’entreprise Savac, carrière de Gypse en activité, je continue le long du mur en meulière du cimetière communal surplombé d’un fier coq gaulois et à gauche en dehors du cadrage de l’image, d’une étonnante antenne radar en forme de colonne Brancusi. Je rejoins à cet endroit le PR n°15 du Comité Départemental de Randonnée Pédestre de la Seine Saint-Denis, puis pour satisfaire la demande express de Paul, pour que je vérifie l’hypothèse de Jens (sic), je traverse le parking du Cora, à la recherche du meilleur point de vue sur Sevran, et je suis finalement obligé de remonter sur le terre plein du parking suivant devant le Leroy Merlin pour trouver un vrai panorama malgré les arbres (qu’il faudrait d’ailleurs couper), mais c’est seulement samedi 27 que je connaitrais le nom des deux grands ensembles qui émergent du paysage comme des points de repères à cet endroit, la cité Isabelle qu’on découvre au dessus du panneau indicateur dans l’image 0632 et qui fait penser aux constructions du front de Seine de Beaugrenelle ou plutôt aux bâtiments qui bordent la rue de Flandres dans le 19ème arrondissement et au fond, autour de grosses cheminées de chauffage urbain, les tours également méga-structurelles du Pont Blanc à Sevran.
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Je suis venu jusqu’ici, en prenant le RER E jusqu’à Chelles, puis le bus 613, jusqu’à Montfermeil, là j’ai parcouru pour la première fois je crois, la grande rue de Montfermeil, la rue Henri Barbusse. J’ai découverts le lien entre ce vieux village des Thénardiers de Victor Hugo et la cité des Bosquets, réécrivant en marchant l’hypothèse de tracé pour la caravane conçue par Paul ou imaginée par Jens. Il faudrait bien après être monté à la Corniche de Gagny le vendredi, traverser cette « Grand Rue » pour essayer un peu de comprendre Montfermeil et les Bosquets, pour ne pas dire essayer de comprendre le 9-3 à travers ce petit fragment singulier. Ce rapport entre le vieux Montfermeil et la cité des Bosquets, ça ressemble beaucoup à la triangulation entre les noyaux villageois de Saint André, Saint Henri et Saint Antoine et des cités comme La Castellane, La Bricarde et Plan d’Aou dans les quartiers Nord de Marseille.
Au bout de cette rue Henri Barbusse, à la riche morphologie, déglinguée mais vivante, j’ai trouvé, au fond d’une grande cour, un grand restaurant portugais « La Grange », éventuel point de chute pour le debriefing-diner de vendredi soir. Puis j’ai pris la rue Victor Hugo pour déboucher sur l’arrière des Bosquets, parkings défoncés en rez de barre le long de la rue Picasso, puis zig-zag dans une partie reconstruite du quartier à l’architecture néo-corbu assez bien dessinée, mais aux enduits blancs déjà dégradés, comme si dans l’urgence d’une reconstruction, on avait oublié une couche de peinture, ou comme ci l’architecte n’avait pas pu prendre le temps de quitter son bureau parisien pour venir vérifier la bonne réalisation des enduits. Avenue Paul Cézanne, rue Degas, rue Modigliani, après l’école Jean-Baptiste Clément, l’espace de la Dhuys est a peu près intact, tel que dans mon souvenir, avec notamment ses palissades en ciment préfa, qui me sont tellement proustienne, mais l’étendue est beaucoup plus propre et nettoyé.
En face, coté Clichy, subsiste un tout petit terrain vague avec papiers gras, de forme triangulaire qui est visiblement un passage très utilisé, je viens d’y voir passer un homme sûre de lui avec des sacs. Après ce court chemin sinueux d’une trentaine de mètres qui me re-projette dans mon souvenir, je débouche directement sur le café « La Perle ». De toute évidence, il s’agit du véritable QG de l’endroit, au pied d’un immeuble « Nexity – Grand Paris » flambant neuf et impeccable, encore en chantier sur Google Earth. Ce gros immeuble solide recouvert de carrelage, fait l’angle entre l’allée Anatole France et la Dhuys, il me rappel les bâtiments d’habitation qui bordent l’esplanade du Général De Gaulle à Nanterre. D’ailleurs, la suite du quartier jusqu’au collège Romain Rolland, comme le quartier du Parc à Nanterre, est totalement clusterisé, compartimenté, découpé, grillagé, mais cela permet certainement au quartier de « fonctionner » un peu. Cela me rappel le projet de fin d’études de mes collègues, « les cristaux liquides associés » comme on les appelait, pour Saint-Ouen l’Aumône et la cité des Brouillards, « Des Murs et des ponts », évidemment, là c’est plus le résultat d’une politique de l’ANRU, après démolition de la cité de La Forestière.
Ensuite, ayant cherché une façon de traverser l’énorme carrefour routier en travaux qui se trouve devant l’imposant Collège Romain Rolland, accueillant comme une forteresse, je traverse les toutes nouvelles voies du tramway, puis je descends par un petit chemin boisé vers l’église Notre-Dame des Anges, signalée par Paul. Un bouquet de fleurs en plastique est scotché au gaffeur autour d’une grande croix de bois au centre d’un imposant calvaire qui jouxte les bâtiments très anciens de l’église. Paul m’a expliqué au téléphone que celle-ci servait de refuge aux voyageurs à l’époque où la forêt de Bondy était infestée de bandits de grands chemins. À cet endroit on est déjà dans le quartier du chêne Pointu, je rejoins très vite la petite galerie marchande de la ce très beau grand ensemble assez dégradé, mais encore dans son jus. J’en ressors par un grand escalier sur l’allée Maurice Naudin, face à la bibliothèque municipale Cyrano de Bergerac, probablement installée dans un ancien bureau de poste, je longe ce bâtiment sur la gauche par l’allée du 19 mars 1962. Il y a ensuite sur la droite en effet un bâtiment de la Poste, en préfabriqué lourd façon années 70. Il fait face au Parc de la Mairie. Après le virage, un escalier se voulant un peu monumental, avec des dalles en béton lavé et de grosses jardinières préfabriquées en béton qui délimitent une rampe handicapés, descend vers un petit accès secondaire du parc. Mais cette petite porte sud est fermée malgré la balise d’un chemin « PR » apposée au montant de grille cadie verte. Tout en admirant ce magnifique parc de ma Mairie derrière les grilles auxquelles je m’agrippe, je me hisse en haut du talus. Finalement après avoir jeter un coup d’œil rapide au bâtiment remarquable de l’hôtel de ville, je continue mon ascension par la traversée de l’esplanade des Arts, comme un avion qui décolle. Il y a nécessité de s’extraire de là, de ne pas continuer à descendre. C’est comme ça que je retrouve finalement le tracé imaginé par Jens, allée du Belvédère.
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